6 avril > Récit France > Olivier Barrot

On se souvient que le duc de Broglie aimait à dire de sa fille décédée à 13 ans : "il me semble que ma fille est en Amérique". C’est quelque chose du même ordre, de l’horizon lointain, de la croyance folle, qui définit le rapport d’Olivier Barrot avec les Etats-Unis. Il les connaît par cœur, autant qu’on puisse tout à fait connaître ce pays qui est beaucoup plus qu’un pays : quelque chose comme un état d’esprit. Des centaines de voyages vers tous ses horizons, d’un océan l’autre en passant par ses grands espaces et surtout ses villes qui ont offert, par les livres et les films, à tout l’Occident une mythologie à partager. En la matière, la générosité de Barrot n’est plus à démontrer. Comme il le fit pour "l’Europe aux anciens parapets" dans son très beau Mitteleuropa (Gallimard, 2015), le voilà guide, enthousiaste, lyrique, amusé, érudit mais sans cuistrerie aucune, le long de la multiplicité des routes divergentes qui composent cette Amérique. Ce faisant, la promenade, avec l’amour et la mort bien entendu, n’occulte pas les impasses dans lesquelles semble aujourd’hui réduit le rêve américain. Mais Olivier Barrot a trop lu, connaît trop bien son histoire pour ignorer que celle-ci demeure linéaire, qu’il y a toujours une page à tourner dans le grand livre de l’american dream. Surtout, motif caché dans le tapis de cet United States, c’est lui que le voyageur trouvera au terme de son voyage. Lui, flâneur impénitent, qui trouve au pays des cow-boys, de la bagnole, des "dinner" solitaires, de l’usine à rêves et de l’élégance côte Est, ce qu’il était venu chercher : une preuve, fût-elle minime, de sa propre existence. Olivier Mony

24.03 2017

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