Avec Ailefroide : altitude 3 954 (Casterman, 2018) (1), Jean-Marc Rochette s'était éloigné avec succès de son registre habituel pour livrer ses souvenirs passionnés d'apprenti alpiniste. Un an plus tard, le Grenoblois est toujours dans les Alpes, dans ce massif des Ecrins qu'il connaît si bien, mais pour une fiction ancrée dans l'actualité, où se mesurent un grand loup blanc et un berger solitaire qui a tué sa mère.

Veuf, Gaspard a perdu son fils dans la guerre du Mali. Il ne descend presque plus de sa montagne, où il garde un troupeau de centaines de bêtes, l'été à l'alpage, l'hiver en sa bergerie isolée plusieurs mois par la neige. La louve, il l'a abattue sans états d'âme : elle venait d'étriper des dizaines de ses brebis et de ses agneaux. Il a épargné son petit, et l'épargnera encore en croisant son chemin. Mais il est excédé. Et sa colère va monter encore lorsque, quelques mois plus tard, lors d'une attaque du louveteau devenu grand, son troupeau tout entier et avec lui son chien Max s'écraseront au fond d'un précipice.

S'ensuit une traque toujours plus périlleuse aux confins du massif, qui donnera l'occasion aux deux protagonistes, loup compris, de faire la preuve de leur humanité. Brodant sur le motif classique de la confrontation de l'homme et de la bête dans un environnement hostile, Jean-Marc Rochette livre avec sa formidable expertise de la géométrie des parois une nouvelle ode à la montagne.

(1) Voir notre avant-critique dans LH 1164, du 9.3.2018, p. 57.