Avant-critique Poésie

Printemps des poètes. Voici Jean Rouaud de retour chez Gallimard avec un livre inclassable, à la fois essai d'histoire littéraire où il remonte jusqu'aux origines de la littérature avec Gilgamesh (vers 2600 av. J.-C.), traité poétique centré autour de la figure tutélaire d'Arthur Rimbaud, et même collection de quelques poèmes de lui, glissés entre deux chapitres. Une poésie très prosaïque, très parlée, parfois rimée, parfois non (Rimbaud, selon lui, a « exécuté » l'alexandrin des Parnassiens de son temps, déjà dépassés de leur vivant), dont le dernier texte s'achève, avec le livre, sur « Que notre joie demeure ». Un clin d'œil à Bach et à la musique, célébrée par Verlaine, le Pauvre Lelian resté veuf de Rimbaud, le « faune évangélique » qui réclamait « de la musique avant toute chose ». Côté musique encore, Rouaud prend la défense de Bob Dylan et de son prix Nobel de littérature 2016 contre les « grincheux », en lui associant Leonard Cohen, qui aurait dû l'avoir aussi.

Rouaud disserte savamment et progresse par associations d'idées, partant de la renonciation de Rimbaud à la poésie, à 20 ans, sans avoir rien publié (« je ne m'occupe plus de ça », dira-t-il dédaigneusement à son ami d'enfance Ernest Delahaye), et s'attachant à certains grands sujets : la préhistoire, le sacré, les Romains, qui « ne sont pas des poètes », la fin'amor médiévale étouffée par l'Église, le côté subversif de la poésie, ou encore René Guy Cadou. C'est souvent inattendu, érudit, brillant.

Jean Rouaud
Flamboiement de la métaphore
Gallimard
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 20 € ; 192 p.
ISBN: 9782073040992

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