Il avait fondé son cabinet d'avocat en 1965 avec Robert Badinter, formant un duo surnommé "Bread and Butter". Parmi ses clients, il y a l'Aga Khan, Chagall, deux enfants de Picasso, le baron Empain, Pierre Bergé, Laurent Fabius... Il a également arbitré au nom du gouvernement le contentieux sur l'affaire Greenpeace face à la Nouvelle-Zélande. Jean-Denis Bredin est aussi engagé politiquement (au MRG). En 1978, il publie Eclats, un dialogue avec Jack Lang sur la place de la culture dans la société, prémice du programme du candidat François Mtterrand. Lang, une fois ministre, lui confie la présidence de la Commission sur la réforme du cinéma et la vice-présidence de la Commission d'orientation et de réflexion sur l'audiovisuel. A la demande de François Mitterrand, il rédige un rapport sur les nouvelles télévisions, impliquant l'arrivée de chaînes privées. Il écrit aussi plusieurs textes et tribunes, avec Jacques Attali, Jacques Delors, Pierre Nora, François Sureau... Il y partage sa vision de la liberté, de la justice, mais aussi de la politique et des haines comme l'antisémitisme.
De Dreyfus à la coupole
Ainsi, il aura été un grand défenseur d'Alfred Dreyfus, à qui il a consacré un livre de référence, L'affaire (Julliard, 1983), dénonçant "un crime au nom de la France". Jean-Denis Bredin a poursuivit ce travail de réhabilitation avec L'infamie (Grasset, 2012), sur le procès de Riom, quand le régime de Vichy a jugé Léon Blum et Edouard Daladier. Avec Un tribunal au garde-vous : Le procès de Pierre Mendès France, 9 mai 1941 (Fayard, 2002), il se penche sur le procès infligé par le tribunal militaire à Pierre Mendès-France durant la guerre. Toujours avec cet objectif de réviser les grandes affaires, il avait cherché à réhabiliter Guillaume Seznec et Chistian Ranucci (Christian Ranucci, vingt ans après, collectif, Julliard, 1995). L'auteur devient un historien reconnu avec des livres comme Joseph Caillaux (Hachette, 1980) et Sieyès: la clé de la Révolution française (éd. de Fallois, 1988).
Il avait succédé à Marguerite Yourcenar au 3e fauteuil de l'Académie française, et, depuis 2017, était devenu le doyen de l'institution. Il laisse un sixième fauteuil vacant avec sa disparition.
L'auteur prolifique avait écrit des romans (Un coupable, Gallimard, 1985 ; L'absence, Gallimard, 1986 ; Un enfant sage, Gallimard, 1990 ; Encore un peu de temps, Gallimard, 1996 ; Trop bien élevé, Grasset, 2007 ; Ce rendez-vous avec la gloire, Fayard, 2010), nouvelles (La tâche, Gallimard, 1986 ; Comédie des apparences, Odile Jacob, 1994 ; Rien ne va plus, Fayard, 2000), biographies (Bernard Lazare, éd. de Fallois, 1992 ; On ne meurt qu'une fois: Charlotte Corday, Fayard, 2006), ou essais (Lettre à Dieu le fils, Grasset, 2001 ; Convaincre: dialogue sur l'éloquence, avec Thierry Lévy, Odile Jacob, 2002).
Jean-Denis Bredin était le père de Frédérique Bredin, ancienne députée et ministre.