Les professionnels du livre en Italie ont dénoncé samedi la suppression par la majorité gouvernementale de droite et d'extrême droite d'un chèque culture de 500 euros offert depuis 2016 aux jeunes fêtant leurs 18 ans. « Il doit être modifié car il montre des problèmes critiques, mais dire que nous l'annulons est faux », s’est défendu lundi le ministre de la Culture Gennaro Sangiuliano.
Un premier bilan mitigé du dispositif
Au parlement, vendredi 9 septembre, la majorité droite/extrême droite a voté un amendement supprimant ce dispositif qui coûte chaque année 230 millions d’euros à l’État. Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, a fait savoir qu’il souhaitait revoir la forme de cette aide afin qu’elle soit mieux ciblée sur la lecture.
Selon une enquête de La Repubblica de mai 2017, la première édition du dispositif n’a pas eu l’effet escompté, l’usage du chèque ayant permis à de nombreux étudiants de financer des ouvrages scolaires ou du matériel informatique, ce qui n’était pas l’objet de départ. « Le pass Culture a donc en partie échoué à résorber les inégalités qu’il entendait combattre » sur l’accès à la culture, cloncluait en 2018 le quotidien La Croix au moment du lancement du pass Culture en France, inspiré du « bonus cultura » italien de Matteo Renzi.
Progrès de lecture
Selon l'Institut italien de la statistique, cité par les professionnels, ce chèque a dopé la lecture chez les 18-21 ans, catégorie d'âge au sein de laquelle les lecteurs sont passés de 46,8 % à 54 % entre 2016 et 2018.
Ce chèque « a permis à des milliers de jeunes d'explorer et de se rapprocher du monde du livre, en choisissant librement ce qu'ils souhaitaient lire », déplorent les associations de la filière livre dans un communiqué. Il a aussi « soutenu économiquement le livre et permis à un pays qui traditionnellement lit peu de faire d'énormes progrès » en la matière, soulignent-elles.
En 2023, 441 000 italiens inscrits
« Forza Italia partage les préoccupations de la majorité quant au dévoiement de ce chèque culture pour les jeunes de 18 ans : l'argent a parfois été détourné pour des dépenses sans rapport avec l'éducation et l'instruction, pour l'achat, par exemple, de téléphones portables, de jeux vidéo et d'appareils ménagers », affirme un communiqué du parti.
« Nul, cependant, ne met en doute le bien-fondé de la mesure et c'est la raison pour laquelle nous estimons absolument nécessaire que des ressources restent fléchées au bénéfice des jeunes et de leur formation culturelle », est-il ajouté. L’application utilisée pour recenser les jeunes bénéficiaires dénombre 441 000 inscrits pour l’année 2023. Le gouvernement souhaiterait « la redéfinir et la renommer pour que cet outil devienne réellement un mode de consommation culturelle pour les jeunes, les orientant vers la lecture de livres, la visite d'expositions, les cours de langues et la musique » et réduire les bénéficiaires avec un plafond de revenus pour exclure de la subvention les familles les plus aisées.