Innocenzo Cipolletta a été reconduit à la tête de l'AIE (l'Association italienne des éditeurs) pour un mandat de deux ans, lors de l’Assemblée générale de cette dernière à la fin du mois de juin. Il avait succédé en 2023 à Ricardo Franco Levi après six années de mandat.
Économiste de formation, l’homme de 68 ans préside également l'AIFI (Association italienne du Private Equity) et Inpiù SpA. Il siège aux conseils d'administration de Laterza et de la Fondation Mondadori depuis juin 2025, après avoir dirigé Confindustria Cultura Italia de 2019 à mai 2025.
Défense du livre face à l'IA
Le nouveau président a fixé six axes stratégiques pour 2025-2027 : défense de la centralité du livre, soutien à la lecture, innovation, internationalisation, protection du droit d'auteur et promotion de la liberté d'expression.
« Nous organiserons une grande manifestation dédiée au livre car il doit être reconnu comme un instrument de culture et de croissance du pays », a déclaré Innocenzo Cipolletta lors de l'assemblée. Il entend renforcer les politiques publiques de promotion de la lecture, notamment dans les écoles et bibliothèques scolaires.
L'initiative #ioleggoperché (#jelispour), qui fête ses dix ans en 2025, a permis de distribuer près de quatre millions d'ouvrages aux établissements scolaires. Le président souhaite intensifier ces programmes avec des bibliothécaires professionnels.
Innocenzo Cipolletta a placé la défense du rôle éditorial au cœur de son mandat face aux défis de l'IA générative. « Les chatbots alimentent l'illusion dangereuse de l'inutilité de toute médiation éditoriale dans l'accès à la connaissance », a-t-il averti.
« L'éditeur reste un intermédiaire culturel nécessaire. Dans un monde où les plateformes collectent données et informations sans transparence, l'éditeur apporte cette transparence permettant de comprendre la réalité », a-t-il ajouté.
Contexte de marché difficile
Sur le plan économique, l'association réclame l'introduction d'une déduction fiscale pour les achats de manuels scolaires, déjà accordée dans d'autres secteurs (santé, sport, animaux domestiques). Elle demande également la réforme des cartes d'achat culturel destinées aux jeunes.
Le président revendique le pluralisme de l'édition italienne comme « une spécificité à préserver ». Des incitations spécifiques seront réclamées pour favoriser la croissance des petits et moyens éditeurs, tant en Italie qu'à l'étranger.
Ces annonces interviennent dans un contexte pourtant tendu. Les ventes de livres ont reculé de plus de 4% sur les cinq premiers mois de 2025, selon l’AIE. Le président appelle néanmoins à ne pas perdre de vue « la vitalité et la capacité d'évolution du secteur, central pour la croissance de la démocratie et de la culture italiennes », a-t-il conclu.