29 août > Premier roman Inde

A Bombay, dans les années 1970, débarque Dom, un jeune Indien de la diaspora, de retour de New York. On ne sait trop où ni comment, mais il a été initié aux paradis artificiels. Les médicaments, que son job de rédacteur du bulletin d’une grande compagnie pharmaceutique lui permet de se procurer aisément, et l’opium, dont il fait un usage immodéré. Son repaire, c’est la fumerie de Rashid dans un quartier musulman de la ville. Outre le plaisir de tirer sur le bambou, il y rencontre des personnages avec qui se nouent des liens d’amitié. Comme Fossette, une prostituée hijra (transsexuelle), castrée dès son enfance et qui assume sa « double nature ». Ou encore M. Lee, un vieux Chinois en exil, perdu dans son univers fuligineux. Il y a aussi des hôtes de passage, comme Newton Xavier, un peintre provocateur, ivrogne et érotomane, assidu des bordels à hijras, et obsédé par les rapports entre l’hindouisme et le christianisme : sa spécialité, des Christs convulsifs et sanguinolents, ou encore bleus à la manière de Krishna. Dans cette ville de tous les possibles, les années s’écoulent, jusqu’au jour où Fossette et M. Lee disparaissent, et où Rashid voit son business péricliter. « Le garad (l’héroïne) a tout gâché », dit-il.

Pour son premier roman, fort remarqué (Narcopolis a été finaliste du Man Booker Prize 2012), Jeet Thayil, poète et musicien indien cosmopolite qui vit actuellement à Delhi, a composé une manière de conte oriental à la façon des Mille et une nuits. Un peu halluciné, très oral, et ramifié en une multitude de personnages et d’histoires adventices. Le narrateur, Dom, fait semblant de croire que c’est la pipe à opium qui lui dicte ses histoires. Le propos de Jeet Thayil est plus poétique que sociétal, et Narcopolis une évocation onirique d’un monde parallèle et défunt, où le noble chandu d’antan a été remplacé par la sale « neige » d’aujourd’hui. Triste histoire d’O. J.-C. P.

11.10 2013

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