C’est une chose d’être sur le front, c’en est une autre d’affronter ses démons sur papier. Un glissement qu’a effectué Brian Van Reet. Tout comme Kevin Powers ou Billy Lynn, l’ancien sergent s’est enrôlé à 20 ans. Il a avoué que ce n’était pas tant par conviction que par soif d’aventure. Il insuffle d’ailleurs celle-ci à son premier roman. Se déroulant lors de la guerre d’Irak, en 2003, il se glisse dans la peau de protagonistes antagonistes. Cassandra fait partie des rares femmes intégrées aux troupes américaines. Son tempérament est digne d’une enfant fuyant sa famille installée au fin fond du Missouri. Sa mère la met en garde : "Ce genre de vie te changera à jamais." Il est vrai que sa mission ne correspond guère à la vision hollywoodienne de la guerre. La chaleur, l’ennui, le machisme et la peur font partie de son quotidien. Lorsque son bataillon est attaqué, elle découvre une autre dimension. "Des mots comme capturée ou prisonnière n’ont pas encore pénétré dans son esprit." Devenir otage révèle son vrai visage… Le soldat Sleed est chargé de la retrouver avec ses acolytes. Une bande de bandits se prenant pour des cow-boys. L’auteur ne reste pas de ce côté du récit, il se faufile aussi dans le camp adverse diabolisé. "Je voulais comprendre qui nous combattions vraiment. Que ressentaient-ils de leur côté ?" s’interroge-t-il lors d’un entretien. C’est là qu’intervient Abu Al-Houl, embrigadé parmi les djihadistes. Des hommes qui croient dur comme fer à leur combat. Pour eux, l’invasion américaine correspond à un affront humiliant. L’heure de la revanche a sonné. Devenu geôlier malgré lui, Abu est confronté à une cruauté et une humanité insoupçonnées. A travers ces personnages déstabilisés, Brian Van Reet explore en profondeur l’ambiguïté qui nous constitue. "Tant qu’on est en vie, on ne renonce pas." K. E.