Comment se procurer une oeuvre numérique ? Comment la lire ? Six personnes en ont discuté au forum de la SGDL mercredi 24 octobre après-midi pour répondre au vaste problème de « La vie de l'oeuvre dans l'univers virtuel. »

Sous la houlette de Xavier de la Porte, producteur de l'émission « Place de la toile » sur France Culture, les intervenants ont d'abord débattu de l'accès à l'oeuvre. Avec une notion-clé : les métadonnées. Il s'agit des données sur l'oeuvre, telles que le titre et le format mais aussi le renvoi vers les blogs, comme l'a souligné Patrick Gambache, responsable du développement numérique du groupe La Martinière.

L'e-commerce en tête du référencement des livres

Et sur les moteurs de recherche ? « Ce sont surtout les grandes plateformes d'e-commerce qui apparaissent lorsque l'on tape le nom d'une oeuvre » déclare Mathias Daval, coauteur d'une étude pour le Motif sur le référencement des livres sur les moteurs de recherche. On trouve ensuite les blogs et les bibliothèques en ligne tels que Babelio. Concernant les librairies, seules celles qui ont un site de vente en ligne apparaissent rapidement.

Pour Annie Brigant, directrice adjointe de la Bibliothèque municipale de Grenoble, la communauté des lecteurs est liée à l'ancrage local et naturel de la bibliothèque. Si le prêt de livres numériques est possible chez eux et enrichi par des images ou vidéos complémentaires, beaucoup de choses restent à expérimenter : par exemple, pour que plusieurs lecteurs puissent emprunter simultanément un livre numérique.

Oeuvre = auteur + traducteurs dématéralisés

Donner accès aux livres numériques de « librairies physiques » sur un portail web : c'est le but d'epagine.fr, explique son animateur Christophe Grossi. Epagine enrichit la fiche du livre avec des métadonnées et permet aux libraires de rendre leurs livres plus accessibles.

Plus philosophique est le point de vue de l'écrivain. Camille de Toledo s'interroge : « Comment inventons-nous l'éthique de la circulation des livres et des savoirs au XXIe siècle ? Nous sommes happés par les logiques des géants de l'informatique qui ont besoin de contenus. Aujourd'hui, une oeuvre est le produit de l'auteur mais aussi ses traducteurs, qui la vendent dans des plateformes dématérialisées. »

Second axe de réflexion : la lecture de l'oeuvre. Marc Jajah, doctorant à l'EHESS et créateur de sobookonline.fr, souligne que, grâce à la manipulation sur les liseuses ou encore aux réseaux sociaux de lecteurs « on ne lit pas sans notre main : on copie, on colle, on annote, on commente... La causalité numérique est une causalité motrice. » Les passages soulignés par le lecteur sont aussi un outil de marketing. « Il n'y a pas de limites à la clôture d'une oeuvre » conclue-t-il.

Camille de Toledo renchérit en déclarant que les fonctions archaïques, telles que l'annotation d'un livre, sont en train d'être reconfigurées. Pour Xavier de la Porte, « réinventer toutes ces fonctions autour de l'oeuvre, c'est formidablement joyeux. »


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