Dans l'Italie du XVIe siècle, les premiers cabinets de curiosités, appelés studioli, étaient déjà des antres débordant de merveilles. Les nobles et les rois, tels François Ier et l'empereur Rodolphe II, s'y retiraient pour étudier et rêver, entourés de leurs collections insolites. Animaux empaillés, crocodiles au plafond, becs de toucans au mur voisinaient avec casques et sabres ottomans et armures de samouraïs, coiffes amérindiennes, poudre de momie consommée par Catherine de Médicis, racines de mandragore à forme humaine, etc. L'étrange et l'exotisme faisaient bon ménage. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les cabinets se structurent de plus en plus. Science et raison s'en mêlent. Descartes révèle que le corps fonctionne comme une machine, Diderot et les encyclopédistes luttent contre la superstition. Résultat, les cabinets de curiosités se remplissent de squelettes, d'écorchés, d'objets macabres comme des bocaux de fœtus de monstres... La passion pour l'horlogerie et les automates s'invite à son tour, de même que celle pour les natures mortes et les vanités.
Aux XIXe et XXe siècles, la science a le vent de plus en plus en poupe, mais aussi les photographies spirites, les lanternes magiques et les arts premiers. A l'aube du troisième millénaire, l'esprit des curiosités perdure. Arts et sciences sont plus que jamais imbriqués. Perçu autrefois comme curieux, infini et enchanté, notre vieux monde est désormais fragile et en danger.
Avec humour, sens critique et parfois provocation, les artistes contemporains interrogent la disparition des espèces ou encore la pollution, tel Mark Dion et son Cabinet des déchets marins où il a collecté des débris de plastique rejetés au large de l'Alaska. On aimerait que ce fabuleux album ne cesse
jamais.
Monstres et merveilles : cabinets de curiosités à travers le temps - Illustrations Delphine Jacquot
Seuil Jeunesse
Tirage: 7 000 ex.
Prix: 19,90 euros ; 48 p. en coul.
ISBN: 9791023510416