Les auteurs redoutent particulièrement le "déséquilibre" qu'engendrerait la fusion entre les deux groupes d'édition. Les "Big Five"(Hachette Book Group, Harpercollins, Macmillan, Penguin Random House et Simon & Schuster) ne seraient donc plus que quatre. "Cela entraînera inévitablement une diminution de la concurrence pour les manuscrits des auteurs. Le rachat fait que Bertelsmann contrôlerait 70% de part de marché sur le marché littéraire et de la fiction aux États-Unis. Il contrôlerait également 70 % des sous-marchés de l'action et de l'aventure, de l'horreur, de la politique, du droit, de la médecine, de l'érotique et de la maturité, et 60 % de la biographie" déplore la Guilde sur son site, après avoir repris les arguments exposés dans la lettre de huit pages destinée au ministère de la Justice.
Le collectif rappelle qu'en novembre dernier, le groupe a acquis les deux dernières usines de fabrication de livres de Quad/Graphics, laissant aux éditeurs indépendants un seul imprimeur potentiel pour leurs livres. "Le projet de rachat de Simon & Schuster par Bertelsmann ne ferait qu'aggraver le problème" appuient les auteurs. La consolidation proposée entraînera également une augmentation de l'effet de levier et une compression des prix sur les auteurs, une concentration accrue du pouvoir sur les détaillants indépendants, et une forte réduction de la "diversité et de la qualité des livres bien écrits et bien édités mis à la disposition du public".
"Une menace pour la démocratie"
Les signataires de la lettre estiment, enfin, que l'acquisition de Simon & Schuster est une menace pour la démocratie. "Le ministère de la Justice doit commencer dès aujourd'hui à restructurer de manière proactive l'ensemble du marché américain du livre en plus des moyens qui permettent également de faire face au danger que représente Amazon".
"Ce n'est que de cette manière que le ministère pourra remplir sa mission de protection des intérêts du public dans son ensemble, et de chaque lecteur et auteur aux États-Unis, mais aussi de dangereuses concentrations de pouvoir et de contrôle sur les auteurs, les éditeurs et les libraires américains, et des lecteurs, et sur le débat public lui-même" concluent- t-il.
Une réponse de Bertelsmann
En annonçant l'opération l'année dernière, Thomas Rabe, président et P-DG de Bertelsmann, s'etait dit "confiant" que l'acquisition serait approuvée par les auteurs. Interrogé sur la lettre, il a voulu rassurer en expliquant que la fusion ne posait pas de problème de concurrence. Il a également cité les chiffres de l'Association of American Publishers, selon lesquels la part combinée de PRH et S&S serait inférieure à 20 %.