Le feu de la poésie. À sa sortie en 2024, Les yeux de Mona de Thomas Schlesser, roman initiatique à l'optimisme lumineux, a raflé les cœurs et les honneurs : 500 000 exemplaires (GfK) vendus en France, dont près de 350 000 en grand format, trente-neuf langues de traduction pour un succès mondial d'un million de lecteurs. Il vient également d'être déclaré Book of the Year 2025 par la chaîne de librairies américaine Barnes & Noble, une des distinctions américaines les plus prestigieuses. Dire alors que l'on attendait avec impatience ce nouvel ouvrage (tiré à 150 000 exemplaires) relève de l'euphémisme.
Sacré auteur de l'année 2025 aux Trophées de l'édition de Livres Hebdo, le quadragénaire Thomas Schlesser, docteur en histoire de l'art, spécialiste de Courbet et directeur de la Fondation Hartung-Bergman à Antibes, renouvelle sa prouesse, sans redite. Il propose un nouveau duo, accordé comme le yin et le yang : Thalie, professeure de lettres retraitée, et Louis, un colosse dans la force de l'âge, jardinier mutique et déclaré « hypersensible », bouleversé par la maladie incurable du chaton qu'il vient d'adopter.
Après la tempête qui a frappé leurs mas provençaux, la reconstruction des lieux devient celle des âmes. Louis tremble face à l'injustice du chaton condamné, la vétérinaire compatissante Julia le soutien au bout du fil, Thalie l'initie à la poésie. Chaque soir, autour d'un pastis, la retraitée lui apprend la douceur de Victor Hugo, la ferveur d'Arthur Rimbaud et de Léopold Sédar Senghor, la mélancolie de Louise Ackermann. Au fil de séances ponctuées d'hendécasyllabes, d'élégies et de sonnets, la lyre et la bêche apprennent à s'accorder.
On s'apprivoise, certes, mais on résiste aussi à une invasion de batraciens. On adopte un épagneul, « animal miraculeux » qui semble maintenir le félin en vie « en posant sa patte sur son cou », et on apprend à affronter Baron, le voisin inquiétant. Un philistin, qui abat des arbres - sacrilège ! - pour planter du chanvre et se lancer dans le trafic de drogue. Le chanvre, voilà qui serait pourtant fort utile pour soulager les maux d'un chaton moribond ! À Louis, à qui il « manquait tant les mots », d'achever sa métamorphose par une déclamation proche du rugissement libérateur, dans un ultime sursaut narratif : l'embrasement d'un incendie purificateur.
Roman initiatique et poétique sur le pouvoir des mots, Le chat du jardinier prolonge la leçon esthétique des Yeux de Mona : celle d'une littérature du soin et de la consolation basée sur la culture patrimoniale et l'érudition. La douceur du savoir dans un monde de brutes.
Le chat du jardinier
Albin Michel
Tirage: 150 000 ex.
Prix: 22,90 € ; 384 p.
ISBN: 9782226507389
