Livres Hebdo : La lumière du bonheur est le quatrième volume de votre saga romanesque La traversée des temps. Elle aurait pu s’appeler La légende des siècles. Comment vous en est venue l’idée, d’une folle ambition?
Eric-Emmanuel Schmitt : J’étais un jeune assistant en philosophie à l’Université, je sortais d’années d’études formatrices, passionnantes, mais dépourvues de chair et d’imagination, et j’ai senti le pouvoir extraordinaire du roman : ressusciter totalement le passé, faire revivre ce qui est aboli, nous mettre de plain-pied dans des temps révolus. J’ai immédiatement eu la vision de mon personnage, Noam, condamné à l’immortalité comme le Juif errant, qui, en nous racontant son histoire sur plusieurs millénaires, nous raconterait la nôtre.
Aviez-vous, dès la conception, la répartition entre les civilisations et le nombre de volumes (huit) ? Ou bien cela a-t-il évolué en cours d’écriture?
Quand j’ai eu l’idée, à vingt-cinq ans, je n’étais pas capable de la réaliser. Pendant des décennies, j’ai acquis ce savoir encyclopédique qui m’a permis ensuite d’opérer un découpage, de repérer les moments sensibles où l’humanité bascule d’un âge à un autre.
Jusqu’où irez-vous exactement dans le dernier volume?
Dans notre futur proche, avec un léger décalage. Dans ce qu’on peut imaginer du changement caractéristique propre à notre époque : l’angoisse écologique et « l’agrandissement » de l’homme par les technologies de pointe.
Comment réussir le subtil dosage ent
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