7 février > Roman Etats-Unis > Robert Olen Butler

La guerre du Vietnam a laissé durablement ses empreintes dans la mémoire et l’imaginaire américains. Robert Olen Butler l’a vécue dans sa chair, puisqu’il a été enrôlé comme interprète au sein du contre-espionnage. Une expérience qui traverse ses nouvelles et ses romans, dont Un doux parfum d’exil, prix Pulitzer 1993. Ici, elle est abordée sous l’angle de la transmission, la filiation et la masculinité.

Spécialiste de l’histoire des Etats-Unis au début du XXe siècle, Robert enseigne cette matière à l’université. Un père de famille discret, toujours attiré par sa femme Darla. Ce tableau idyllique vole en éclats le jour où il croise le SDF Bob. "Ce qui unissait deux hommes comme eux, ce qui les blessait aussi, appartient à l’indicible." A savoir les stigmates de la guerre du Vietnam. Ceux qui viennent hanter Robert la nuit. Que signifient ses cauchemars ? Pourquoi ne peut-il pas les partager avec les siens ? Qu’a-t-il vécu là-bas ?

Bob est un parfait inconnu, or il lui renvoie un miroir de ce qu’il aurait pu devenir. "Je n’étais pas destiné à vivre cette vie. J’étais censé mourir", murmure Robert qui s’était engagé dans l’armée pour plaire à son père. A l’heure où ce dernier s’éteint, il suffoque sous les souvenirs enfouis et les non-dits. Pourquoi n’a-t-il pas fait le même choix que son frère, réfugié au Canada ? "Le gène moralisateur. La politique, la religion, les agressions et les victoires en sont toutes pénétrées." Sans parler de la famille ou du couple, qui tente de préserver sa cohésion, malgré ces implosions invisibles. Butler scrute l’impact d’une bombe à retardement sur un être fissuré et ses proches. Que signifie être un homme ? Kerenn Elkaïm

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