Livres Hebdo : Le gouvernement ouvre la voie à un droit de suite pour les auteurs sur la revente de livres d’occasion. Quelle est votre première réaction ?
Hervé Rony : C’est très positif. Ce n’était pas du tout acquis encore il y a quelques jours. Que Rachida Dati et le ministère examinent sérieusement l’idée d’un droit d’auteur rattaché à la revente, c’est une très bonne nouvelle. C’est, selon moi, la meilleure piste possible. Les autres solutions qu’on a vues – des taxes obligatoires ou volontaires – sont bancales. On marchait un peu sur la tête. Là, on revient au bon sens : le droit d’auteur.
Certains acteurs du secteur, notamment les libraires, regrettent un manque de concertation. Partagez-vous cette inquiétude ?
J’ai échangé avec des représentants de plateformes de revente, eux disent qu’il n’y a pas eu de concertation globale. C’est vrai. Mais pour moi, cette première étape est nécessaire : valider la faisabilité du mécanisme. Si on commence à tout vouloir discuter avant de savoir si juridiquement c’est possible, on tourne en rond. On a besoin d’un point d’entrée clair, et ensuite, oui, on ouvrira la concertation avec toute la filière : plateformes, libraires, auteurs, éditeurs… Mais dans le bon ordre.
Comment voyez-vous le rôle des auteurs et de leurs représentants dans la suite des discussions ?
Il y aura forcément des négociations sur le taux mais ce n’est pas pour tout de suite. Attention : si on commence à poser dès maintenant toutes les conditions et les exceptions, on ne s’en sortira pas. Est-ce que le bouquiniste sur le quai de Seine sera concerné ? Peut-être pas. On verra. Ce qu’il faut, c’est ne pas vouloir tout résoudre d’un coup. Concentrons-nous sur la question principale : est-ce qu’un droit de suite est possible ? Si oui, on pourra tirer tous les fils après.