Livre d'occasion

Dans « Le Monde », un collectif d’auteurs alerte sur l’essor du livre d’occasion

Des livres d'occasion - Photo RICCARDO MILANI / AFP

Dans « Le Monde », un collectif d’auteurs alerte sur l’essor du livre d’occasion

Quarante-et-un auteurs et autrices, parmi lesquels les prix Goncourt Jean-Baptiste Andrea et Brigitte Giraud, ainsi qu’Isabelle Carré, Sorj Chalandon et Marie-Hélène Lafon signent dans Le Monde une tribune intitulée « Le livre d’occasion doit contribuer à financer la création ».

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Par Charles Knappek
Créé le 01.06.2025 à 19h56

Quelques semaines après l’annonce par le ministère de la Culture de sa volonté de saisir le Conseil d’État afin de mettre en place « un droit de suite au droit d'auteur » lorsqu’un livre est revendu sur le marché de l’occasion, un collectif réunissant 41 auteurs et autrices a publié le 31 mai dans Le Monde une tribune intitulée « Le livre d’occasion doit contribuer à financer la création »

« La voix des autrices et des auteurs a été peu entendue au sujet du livre d’occasion, dont le marché croissant nous préoccupe, alertent les signataires. Il ne génère aucune rémunération, ni pour l’auteur ni pour la maison d’édition. Seuls les livres neufs engendrent des droits d’auteur ».

« Toutes et tous, nous avons déjà vu notre dernier livre vendu d’occasion sur une plateforme le jour même de sa parution en librairie, poursuit la tribune. La moindre nouveauté existe aussitôt en seconde main à prix cassé, dans le pays du monde le plus attaché au prix unique du livre. »

Risque de cannibalisation

Alors même que le marché du livre d’occasion a progressé de 30 % en 10 ans, les auteurs s’inquiètent d’une cannibalisation de leurs ventes de livres neufs. Citant une étude d’avril 2024 du ministère de la Culture et de la Sofia, ils rappellent d’ailleurs que « de façon contre-intuitive, ce sont bien les classes les plus aisées qui achètent de l’occasion. »

Pour éviter cette cannibalisation et que l’enrichissement des « grands acteurs de la vente en ligne » se fasse « au détriment de la création, des auteurs, des traducteurs, des éditeurs et des libraires », ils avancent plusieurs solutions, dont « une contribution au droit d’auteur de quelques centimes par exemplaire, indolore pour les acheteurs, y compris les personnes aux revenus les plus modestes. »

Ciblant les plateformes spécialisées, cette participation n’empêcherait pas de « fixer un seuil de chiffre d’affaires minimal pour déclencher cette contribution, de façon à protéger les bouquinistes et les acteurs de l’économie sociale et solidaire. »

Fléchage des sommes perçues

« Une partie des sommes perçues pourrait même être fléchée vers des actions d’utilité publique, en faveur de la lecture, par exemple, qui en a tant besoin », imaginent encore les signataires.

Ce mode opératoire semble similaire à celui envisagé en avril par le ministère de la Culture. Dans un communiqué commun, le Syndicat national de l’édition et le Conseil permanent des écrivains avaient d’ailleurs salué l’engagement gouvernemental : « Les pouvoirs publics ont ouvert la voie à la mise en place d’un dispositif permettant une juste rémunération des auteurs et des éditeurs sur le marché du livre d’occasion fondée sur le droit d’auteur ».

 

La liste complète des signataires

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