Livres Hebdo : Quelles écritures développez-vous chez Canal-U ?
Damien Poivet : Depuis 2022, de longs formats font dialoguer textes, vidéos, images et podcasts. Et bientôt, une chaîne présentera des films réalisés par des chercheurs et chercheuses avec de nouvelles perspectives de narration. Nous publions 200 vidéos et podcasts par mois, proposés par 370 contributeurs : des entretiens, conférences, colloques, cours, reportages…
Quelles sont les vidéos les plus populaires ?
L’utilisateur ne voit pas le nombre de vues, car nous considérons que cette donnée ne représente pas la force des contenus. Mais en tant qu’administrateur, je vois que La e-réputation, une résultante de notre identité numérique, Les conséquences du harcèlement sur l’enfant et l’adolescent et L'équilibre de Nash ont eu un certain succès depuis le début de l’année.
Vous vous dites ouverts à toute institution productrice de savoirs : êtes-vous disposés à collaborer avec des maisons d’édition ?
À ce jour, aucun éditeur ne nous a approchés, mais nous pouvons tout à fait collaborer avec ceux qui le désireraient. Il est important de noter que Canal-U ne peut pas être utilisé pour promouvoir directement la vente d'un ouvrage.
Comment fonctionne votre collaboration avec les contributeurs ?
Nous déléguons la gestion des chaînes aux institutions qui organisent et valorisent leurs contenus selon leur propre politique éditoriale. Mais notre équipe les accompagne dans cette gestion. Ma collègue Joséphine Loterie, chargée des ressources documentaires, les aide par exemple à renseigner des métadonnées qui caractérisent le contenu, pour que le visiteur trouve ce qui correspond à sa recherche. Cela assure également une plus grande visibilité sur le net. Pour ma part, je m’occupe de la création et de la coordination des chaînes (aide technique, webinaire de formation pour les contributeurs, statistiques de fréquentation), du suivi des besoins, des échanges avec les visiteurs. Je participe également au développement des partenariats et à la veille prospective pour anticiper les futures évolutions.
« Nous accordons une grande importance à la sécurité des données de nos contributeurs »
Avez-vous un exemple d'évolution future ?
Intégrer des outils d'intelligence artificielle. Ils généreraient automatiquement des transcriptions, des mots clés, du chapitrage pour aider les utilisateurs à trouver les passages qui les intéressent... Nous recherchons d’ailleurs des financements supplémentaires via des appels à projets ou des partenariats. Nous souhaitons devenir un choix systématique pour les institutions productrices de savoirs qui cherchent à diffuser leurs vidéos et podcasts, une référence incontournable en matière de ressources audiovisuelles pour les enseignants, et une plateforme essentielle pour les étudiants lorsqu’ils veulent approfondir une notion, enrichir une bibliographie, illustrer un article.
Mais pouvez-vous concurrencer YouTube ?
YouTube est aujourd’hui largement utilisé dans l'enseignement supérieur et la Recherche notamment en raison de sa simplicité d'administration. Mais les vidéos sont mises en ligne sans véritable garantie et sont entourées de contenus douteux, voire dangereux. YouTube est-il à l'abri de changements comme ceux observés chez Twitter ? Est-ce compatible avec l'idée de souveraineté numérique ? Nous accordons une grande importance à la sécurité des données de nos contributeurs, à ce qu'elles ne soient pas exploitées sans contrôle. Pour cela, nous utilisons nos propres serveurs hébergés au Cines (Centre informatique national de l'enseignement supérieur).