Organisées autour de trois tables rondes, consacrées aux libertés de créer et à la circulation des œuvres, tant du côté de l’édition que de la diffusion des livres et des librairies, ces premières assises ont rassemblé une trentaine d’auteurs, d’éditeurs, et de libraires venus de toute la francophonie ainsi que des institutions telles le Bureau international de l’édition française (Bief) ou le Centre national du livre.
Elles avaient un double objectif : rappeler les enjeux d’une meilleure coopération entre les acteurs de la francophonie et faire émerger des pistes concrètes de travail. " C’est une sorte de mise en pratique des multiples rencontres précédentes qui se sont déroulées depuis dix ans à travers le monde entre ces mêmes acteurs, constate Elisabeth Daldoul, fondatrice des éditions tunisiennes Elyzad. Mais c’est bien que cette fois-ci, nous nous soyons reposé ces questions avec la volonté d’être plus pragmatiques. "
Décentraliser la francophonie
Au cours des débats, qui se sont tenus à huis-clos, de multiples recommandations et pistes de travail ont ainsi été abordées, au premier rang desquelles la nécessité de dessiner de nouveaux traits au concept de Francophonie et de " la décentraliser, de l’affranchir de Paris. La responsabilité des éditeurs est très grande que de prendre conscience du grand marché du livre en Français qui va se développer. Ces assises sont un premier pas sur ce chemin ", détaille Pierre Astier, agent littéraire.
La difficulté de faire voyager les œuvres et les livres dans l’ensemble des pays, doublés, pour les éditeurs du sud, de celle de les faire vivre dans leur propre espace, a également été abordée. A titre d’exemple, l’obligation, pour envoyer des livres de Tunisie au Québec ou en Algérie, de passer par Paris a été pointée, tout comme le prix des livres, rendu élevé en raison des taxes frontalières.
Renforcer les réseaux, structurer la coopération et informer
Globalement, trois grands chantiers se sont dégagés : renforcer les réseaux, structurer la coopération, informer et former. Concernant le premier point, Elisabeth Daldoul a par exemple proposé d’ouvrir dans les salons littéraires français, comme Etonnants voyageurs, un espace dédié aux éditeurs venant de tout l’espace francophone, à l’image de ce qui se fait à Genève ou à Montréal, qui accueille " l’espace des diversités ".
Pour structurer la coopération, il a été suggéré de mettre en avant les bonnes pratiques professionnelles concernant les cessions de droits et les coéditions et d’accompagner les éditeurs dans la mise en œuvre de ces bonnes pratiques. Favoriser l’adoption de mesures pour le prix unique du livre, la lutte contre le piratage ou la levée des taxes d’importations auprès des pouvoirs publics a également été évoqué.
Côté formation, accompagner les libraires et informer les auteurs, notamment à propos de leurs droits dans les différents pays, créer un observatoire du livre francophone afin de récolter données et statistiques ou mettre en place une plateforme numérique d’informations ont été cités.
Pour poursuivre les discussions, un deuxième rendez-vous se tiendra à l’automne, " dans un pays francophone " a confirmé la Ministre de la culture, Françoise Nyssen, dans une très courte vidéo projetée lors de la restitution publique des débats, lundi 21 mai. Elle a également annoncé la création, à l’été, d’un Conseil du livre en français ainsi que la nomination d’un coordinateur chargé de piloter les futurs Etats généraux d’avril 2019.