Maroc

Casablanca se fait carrefour de ventes des droits

Le 23e Salon international de l’édition et du livre (SIEL) à Casablanca - Photo Anne-Laure Walter

Casablanca se fait carrefour de ventes des droits

En marge du Salon du livre de Casablanca, 13 éditeurs du monde arabe et africain ainsi que 8 fellows étrangers se sont retrouvés les 15 et 16 février pour nouer des contacts afin de favoriser les cessions de droits.

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Par Anne-Laure Walter
Créé le 17.02.2016 à 21h01

Le Ministère de la Culture du Royaume du Maroc avait mis en place pour la première fois, à l’occasion du Salon international de l’édition et du livre (SIEL) qui se tient du 12 au 21 février à Casablanca, un centre de droits. Cette opération qui a mobilisé un budget d'environ 40 000 euros, a été pensée en partenariat avec l’Union des éditeurs du Maroc et avec le soutien de l’Ambassade de France au Maroc.

Ainsi l'agence littéraire Astier/Pécher avait été mandatée pour concevoir un "hub des droits", où étaient invités 13 éditeurs du monde arabe et africain ainsi que 8 acheteurs de droits étrangers.

"Le but de ce rendez-vous était de pouver que Casablanca, ville mythique à la croisée des chemins, peut jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale des droits et se faire porte d'entrée pour le continent africain" précise Pierre Astier. Avec Laure Pécher, ils ont proposé à 8 éditeurs étrangers de participer à un fellowship pour rencontrer des éditeurs du monde arabe et africain dans le but de favoriser les cessions de droits. 

Des acheteurs de droits du monde entier

Les fellows venaient du monde entier : l'éditeur allemand Hans Schiler, le scout Tomaso Biancardi qui travaille pour 17 pays, Patrick Meng scout pour la Chine, Sandro Ferri directeur de E/O en Italie et Europa aux Etats-Unis, Emmanuel Varlet qui dirige le domaine arabe au Seuil (France), Eduardo Rabasa de Sexto Piso au Mexique, Ahmed Elsaid éditeur en Egypte et en Chine, ou Elise Willliams de MacLehose Press en Grande-Bretagne.

Dans une petite salle non loin du SIEL et de la grande mosquée Hassan II de Casablanca, le "hub des droits" s'est ouvert lundi 15 février par une présentation des marchés du livre français et arabe au Maroc, au Maghreb et en Afrique subsaharienne. Ensuite, à la manière de l'opération "Talentueux indés" que l'agence avait monté lors du précédent salon du livre de Paris, chaque éditeur était invité à présenter rapidement son catalogue ainsi que trois titres susceptibles d'être vendus à un éditeur étranger. Tous les participants parlaient français.

Comme pour "Talentueux indés", les étudiants de la filière Métiers du livre avaient été associés à l'opération. Les étudiants de la filière professionnelle de la Faculté des lettres et sciences humaines de Casablanca, dirigée par Kacem Basfao, avaient ainsi conçu un catalogue présentant tous les éditeurs et étaient présents pour aider les fellows.

Ensuite, des tables étaient installées pour permettre des rendez-vous individuels. Le lendemain, les éditeurs et fellows rencontraient les autres éditeurs exposants sur le salon.

Un Francfort en terre africaine

"Nous n'avons pas toujours l'occasion d'aller à Francfort où nous sommes généralement un peu noyés, témoigne Marie-Agathe Amoikon Fauquembergue directrice d'Eburnie en Côte d'Ivoire. Je suis heureuse qu'une telle initiative en terre africaine existe et que pour nous rapprocher, nous n'ayons pas besoin d'aller sur l'autre rive de la Méditerranée."

Pays stable dans une région particulièrement secouée par les bouleversements politiques et sociaux, le Maroc accueille de nombreuses rencontres autour du livre comme il y a deux ans une édition d'Etonnants voyageurs à Rabat-Salé .

Si les contrats ne se signent pas immédiatement, ce type de rencontres ainsi que tous les moments plus informels entre les transports en car et les dîners au restaurant, permettent de créer des liens entre les éditeurs et de favoriser à long terme les échanges. "Je vais habituellement à Francfort, explique Hans Schiler, mais cette initiative m'a permis de découvrir des catalogues que je ne connaissais pas notamment en non fiction. Ce qui me semble très important c'est que ça se passe au Maroc et non en Europe. "

Vers une plus grande professionalisation

Cette opération initiée il y a presque deux ans, s'inscrit dans un travail plus large de développement des cessions de droits. "Plusieurs projets collectifs se sont concrétisés" précise Odile Nublat, responsable du Pôle Livre et Médiathèques à l'institut français du Maroc  et cheville ouvrière de ces rencontres. Outre la création d'une Union des éditeurs marocains l'an passé, les professionnels du livre ont un stand commun depuis deux ans à Francfort. De plus, en amont, l'institut français organise depuis deux ans des formations à la négociation de droits ainsi qu'aux contrats de cessions en prévision de chaque foire de Francfort.

Pour Abdelkader Retnani, le président de l’Union des Editeurs Marocains (UEM), "ce centre des droits est le symbole de professionnalisation de l 'édition au Maroc. Casablanca peut être un hub pour l'Afrique. Les éditeurs du continent n'ont pas besoin de visa pour rencontrer les agents et confrères d'autres pays." Ce dernier prépare déjà la prochaine édition, satisfait de ce qu'il considère comme "une réussite".




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