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Bret Easton Ellis remonté contre les "sensitivity readers" et la réécriture des classiques

Bret Easton Ellis : "Aujourd'hui, je ne pourrais plus écrire "American Psycho"." - Photo AFP

Bret Easton Ellis remonté contre les "sensitivity readers" et la réécriture des classiques

Lors d’une rencontre à l’occasion de la sortie de son nouveau roman Les Éclats (Robert Laffont), l’auteur américain a fustigé « le nouveau modèle éditorial ».

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Par Éric Dupuy,
Créé le 15.03.2023 à 18h07 ,
Mis à jour le 16.03.2023 à 15h21

Bret Easton Ellis est actuellement en tournée européenne pour la promotion de son premier roman depuis 13 ans, Les Éclats, publié en France chez Robert Laffont.

Impossible de publier

Lors d’une rencontre organisée par la Fnac à Paris, à la veille de la sortie française de son nouveau livre, l’auteur américain de 59 ans est apparu particulièrement en verve et remonté contre « le nouveau modèle éditorial » aux États-Unis, qui incorpore des sensitivity readers. Ces relecteurs d'un genre nouveau traquent les descriptions qui pourraient offenser les communautés dans les romans à paraitre comme dans ceux déjà parus.

« Aujourd'hui, pourriez-vous encore écrire American Psycho (paru au Seuil en 1991 NDLR) ? », lui demande un jeune homme dans l’assistance. « C’est impossible ! rétorque du tac-au-tac BEE. Et si c’était une femme qui l'écrivait non plus : il y a beaucoup trop de sexisme, beaucoup trop de racisme. Ce n’est absolument plus acceptable dans le nouveau modèle éditorial d’aujourd’hui. Ce qui est ironique quand on voit tout l’argent que se fait ma maison d’édition sur ce titre, et dont je ne touche que 10% », poursuit-il d’un air goguenard.

American Psycho 1991
La couverture d'American Psycho en 1991 (Seuil)

« Reflet d’une époque »

« Ce qui est vraiment problématique, c’est que cela limite la liberté d’écrire ce qu’on veut en fiction », constate-t-il sous l'approbation générale du public. Un autre auditeur l’interpelle sur la probabilité que son œuvre puisse être réécrite après sa mort, comme ce fut le cas récemment en Angleterre pour Roald Dahl. Réponse lucide de l’auteur : « Je pourrais ajouter un codicille à mon testament, mais cela n’aurait pas trop d’effet ». Pour lui, le problème n’est pas culturel, mais « lié au capitalisme ». « Ce sont des décisions de business, absolument pas idéologiques », répète-t-il. « En termes de culture, c’est absurde. L’affaire Roald Dahl est ridicule car un roman est le reflet de son époque et évidemment on ne peut pas le réécrire ». Paru quatre ans après son essai White (Robert Laffont), Les Éclats, qui entraine le lecteur dans la Californie des années 1980, est son septième roman. C'est aussi une version retravaillée d’un podcast qu’il a produit en 2020.

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