Le 20 novembre dernier, des élus de droite du Conseil de Paris ont obtenu le rejet d’une subvention de 482 000 euros destinée à 40 librairies indépendantes (sur les 400 que compte la capitale). L’argent devait permettre aux bénéficiaires de réaliser des travaux pour améliorer l’accessibilité aux publics handicapés et réduire leur empreinte environnementale.
Parmi les 40 librairies concernées figure la librairie féministe Violette and Co, à laquelle les élus ayant obtenu le blocage de la subvention reprochent d’avoir mis en avant le livre de coloriage From the river to the sea, qu’ils considèrent comme antisémite.
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« Ce torpillage vient fragiliser un peu plus une économie structurellement fragile, a réagi l’association Paris Librairies, qui compte parmi ses adhérents plus de 200 librairies parisiennes de quartier. Les librairies sont le métier de commerce où la marge est la plus petite et la rentabilité la plus faible. Elles doivent également affronter l’augmentation des loyers commerciaux, du coût de l’énergie, la concurrence féroce de la vente en ligne, la baisse du pouvoir d'achat, ainsi que le remboursement des Prêts Garantis par l’État contractés pendant la période Covid ».
Surtout, les membres de Paris Librairies font part de leur « colère », rappelant que l’intégralité de la subvention a été supprimée « uniquement en vue de sanctionner une librairie au nom de sa ligne éditoriale et de son engagement politique ».
Climat de violences
Le communiqué dénonce aussi un climat de violences envers les librairies engagées, quatre établissements de la capitale ayant été récemment vandalisés.
« Des libraires ont été victimes de harcèlement en ligne, d’intimidations, d’agressions verbales et physiques. Au lieu de condamner fermement ces agissements contraires à l’article premier de la loi sur la liberté de la presse et à l’ordre républicain, ce vote sonne comme une légitimation de l'intimidation et manifeste une dérive politique inquiétante en faisant peser une menace tangible sur nos conditions de travail, la liberté d’expression et les conditions nécessaires au pluralisme démocratique », conclut Paris Librairies.
L’association demande que la délibération soit de nouveau inscrite à l’ordre du jour du prochain Conseil de Paris.
