A la manière de Sérotonine, de Michel Houellebecq (Flammarion), il y a un an, Le consentement, à travers lequel Vanessa Springora démonte le système d'exploitation pédophile de Gabriel Matzneff et son usage littéraire (Grasset), aura massivement mobilisé la presse quinze jours avant sa sortie le 2 janvier. Pour le livre, surtout s'il est très attendu ou très polémique, avant l'heure, c'est déjà l'heure. Une telle promotion, alors que l'ouvrage n'est pas encore paru, peut faire craindre une évaporation des ventes. Mais elle constitue aussi, au lendemain des fêtes et d'un mois de décembre où les grèves ont atteint le chiffre d'affaires de nombreuses grandes et moyennes librairies de centre-ville, un tremplin bienvenu.
Ce coup de projecteur sur un livre, des auteurs et plus largement la fabrique de la littérature doit permettre de relancer une dynamique du marché du livre enfin positive depuis l'été dernier. D'après notre baromètre mensuel Livres Hebdo/Xerfi-I+C, les ventes de livres ont progressé de 7 % en juillet, 3,5 % en août, 1,5 % en septembre, 4 % en octobre et 6,5 % en novembre. Ainsi, la tendance annuelle sort du rouge, à + 1,5 % à fin novembre, pour la première fois depuis 2015.
Avec la conjugaison d'une production mieux maîtrisée et d'une rentrée littéraire réussie, la potion toujours magique d'un nouvel album d'Astérix fin octobre contribue à soutenir cette embellie. Plusieurs autres bandes dessinées figurent dans le Top 20 des meilleures ventes des fêtes, soulignant les positions acquises par un genre qui a longtemps évolué dans les marges de l'édition traditionnelle. Le ministère de la Culture a même décidé, pour la première fois, de faire de l'année 2020 « l'année de la BD ». Même si l'annonce en a été faite tardivement, si les budgets restent contraints et si les auteurs s'inquiètent pour leurs revenus, il doit permettre de franchir un cap dans la reconnaissance d'un secteur devenu majeur dans l'édition.