Quinze jours après l'annonce officielle lors du conseil des ministres mercredi 18 juillet de la nomination de Pierre Lescure à la direction du projet de lancement de l'acte II de « l'exception culturelle » française (voir
actualité du 18 juillet), la ministre de la Culture et de la Communication a détaillé hier mercredi 1er août dans une interview accordée au
Nouvel Observateur les causes du remaniement de la politique culturelle numérique.
Dans ce contexte, la première institution condamnée par Aurélie Filippetti est la Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet (Hadopi). Elle évoque deux raisons :
- son financement excessivement onéreux
- son régime plus punitif que participatif.
La ministre déclare que «
sur le plan financier, 12 millions d'euros annuels et 60 agents, c'est cher pour envoyer un million d'e-mails ». D'autre part, elle regrette qu'«
l'Hadopi n'ait pas rempli sa mission de développement de l'offre légale », se fixant presqu'exclusivement sur les poursuites et les punitions en cas de téléchargement illégal. «
La suspension de l'accès à internet me semble une sanction disproportionnée face au but recherché » précise-t-elle.
Aurélie Filippetti évoque la transition qui s'annonce : «
en attendant, dans le cadre d'efforts budgétaires, je vais demander que les crédits de fonctionnement de l'Hadopi soient largement réduits pour l'année 2012. Je préfère réduire le financement de choses dont l'utilité n'est pas avérée. J'annoncerai en septembre le détail de ces décisions budgétaires ».
L'avenir d'Hadopi dépendra des résultats de la mission déléguée à Pierre Lescure dans le cadre du lancement de l'acte II de l'exception culturelle française dont l'objectif est d'assimiler les enjeux du numérique dans la sauvegarde et la valorisation d'une diversité culturelle de qualité accessible à tous.
Pierre Lescure a huit mois à partir de juillet pour réfléchir à une adaptation des différents cadres juridiques concernant les innovations numériques, les renouvellement des contenus culturels et les rapports entre créateurs, industries et usagers.
L'opinion de Pierre Lescure sur Hadopi est similaire à celle de Filippetti. Il déclarait mi-juillet aux professionnels de la Culture. «
L'usager actuel est né avec l'universalité, l'instantanéité et parfois la gratuité, il faut le prendre en compte... ». «
La sanction est indispensable mais insuffisante, il faut développer au maximum l'offre légale ».