La ville d’Angoulême a nourri l’imaginaire de plus d’un auteur. À commencer par Honoré de Balzac, qui, marqué par l’ancienne poudrerie, y a puisé la sève de ses Illusions perdues. D’autres voix y trouveront sans doute un nouvel élan créatif, avec l’inauguration en 2026 d’une nouvelle résidence d’auteurs en plein cœur de ville.
Porté par les trois cogérantes de la librairie Lilosimages, Manon Picot, Anaïs Combeau et Marie Auguste, le projet, intitulé LilosEcrits, a pu voir le jour grâce à l’acquisition d’un nouveau local de 66 m², situé à l’étage supérieur de l’enseigne.
Soutenir un projet d’écriture engagé
Une fois par an, la plus ancienne librairie de la ville, également lauréate du prix de l’animation Livres Hebdo en 2022, accueillera donc un auteur ou une autrice francophone, écrivant en français et ayant déjà publié à compte d’éditeur. Ce dernier sera choisi par un comité éditorial, à l’issue d’un appel à candidatures ouvert jusqu’au 31 octobre. Le ou la lauréate se verra ainsi offrir un séjour d’une durée comprise entre une à trois semaines, assorti d’une bourse de 1000 euros pour couvrir les frais de cette escale créative.
« Ce projet est né, en partie, d’une idée soufflée par Didier Grevel (délégué général de l’Adelc, ndlr). Il est entièrement financé par la librairie et s’inscrit dans une démarche à visée politique puisqu’il s’agit de soutenir un projet d’écriture engagé traitant de transformations politiques et sociales, notamment des questions féministes, queer, écologistes ou antiracistes », détaille Manon Picot.
Une initiative financièrement indépendante
Pendant le séjour, la librairie prendra en charge les frais de transport nécessaires pour la venue de l’auteur, à hauteur de 200 euros, et assurera également le service de restauration. En contrepartie, l’auteur en résidence s’engage à se consacrer pleinement à son projet d’écriture, à participer aux rencontres organisées par la librairie et à rencontrer la presse locale. En cas de publication, il s’engage également à mentionner le soutien de Lilosimages, à venir à la librairie dans le cadre de ses actions de promotion et à participer au prochain comité de sélection.
Mais dans un contexte où la librairie demeure un secteur fragile et précaire, comment la librairie Lilosimages a-t-elle réussi à mettre en place cette nouvelle initiative ? « Nous avons toujours été très rigoureuses dans la gestion, le suivi des stocks et le contrôle des charges. Pendant longtemps, nous nous sommes également versées une rémunération très modeste. Ces efforts nous ont donc permis, au fil du temps, de dégager des marges suffisantes pour mener à bien ce projet culturel », précise Manon Picot.
Un comité de sélection trié sur le volet
En dehors du temps de résidence, le local permettra également à la librairie de recevoir des créateurs invités dans le cadre d’animations ou de rencontres. Les libraires prévoient aussi de mettre le lieu en location à certaines périodes de l’année pour générer des revenus complémentaires.
Présidé par la libraire Ayla Saura de la librairie La Nuit des Temps à Rennes, le comité de sélection sera également composé, cette année, de l’autrice et journaliste Sabrina Erin Gin (autrement connue sous le nom de @olympereve), de l’éditrice Léa Thévenot des éditions Rue de l’échiquier, d’Olivia Cauet, lectrice et membre de l’association augoumoisine Le Pavé engagé, ainsi que de Sonia Kechichian, directrice du théâtre d’Angoulême.