Justice

2000 euros et deux mois avec sursis requis contre les auteurs de "L'espion du président"

2000 euros et deux mois avec sursis requis contre les auteurs de "L'espion du président"

Olivia Recasens et Christophe Labbé du Point et Didier Hassoux du Canard enchaîné - et l'éditeur Robert Laffont sont accusés d'avoir révélé l'identité d'agents de la DCRI dans un livre paru il y a deux ans.

Par Vincy Thomas
avec afp Créé le 03.02.2014 à 22h07

Des peines de 2 mois avec sursis et 2 000 euros d'amende ont été requises lundi à l'encontre de trois journalistes - Olivia Recasens et Christophe Labbé du Point et Didier Hassoux du Canard enchaîné - et de l'éditeur Robert Laffont accusés d'avoir révélé l'identité d'agents de la DCRI dans un livre.

Les noms de cinq membres de la Direction du renseignement intérieur (DCRI) ont été cités dans le livre L'espion du président, paru en janvier 2012 dans lequel les trois auteurs dressent un portrait au vitriol de Bernard Squarcini, numéro un de la DCRI sous Nicolas Sarkozy.

Cette audience est une première depuis le vote de la loi Loppsi 2 sur la sécurité intérieure de mars 2011 qui a introduit cette interdiction dans le droit pénal français.

Dans ses réquisitions, le procureur, Juliette Leborgne, a appelé le tribunal "à faire oeuvre jurisprudentielle" en condamnant les trois journalistes pour "cette incrimination inédite en France". "Si les journalistes ont droit au secret des sources, les fonctionnaires de la DCRI ont droit au secret de leur identité, à être protégé pour pouvoir exercer leur mission en toute sécurité", a lancé la magistrate en invoquant "l'intérêt fondamental de la Nation".

La défense, représentée par Me Anne Boissard, a dénoncé de son côté "l'hypocrisie d'une procédure" intentée, non pas parce que des noms ont été cités, mais parce que le livre dérange en soulignant de "graves dysfonctionnements" au sein de la DCRI. Elle a réclamé la relaxe de ses clients. La décision a été mise en délibéré au 18 mars.

La loi Loppsi 2 (article 413-13) punit de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende "la révélation de toute information qui pourrait conduire, directement ou indirectement, à la découverte de l'identité (...) d'un agent des services spécialisés de renseignement".

"Jamais un service de renseignement n'aura autant été instrumentalisé au profit d'un seul homme, Nicolas Sarkozy", dénonçaient les auteurs dans leur ouvrage en citant notamment l'affaire des fadettes pour laquelle M. Squarcini a été mis en examen pour avoir fait analyser les factures téléphoniques d'un reporter du Monde pour identifier ses sources dans l'affaire Bettencourt.

Les juges d’instruction Sylvia Zimmermann et Alain Nguyen-The ont ordonné le 17 juin 2013  le renvoi en procès de Bernard Squarcini pour "collecte de données à caractère personnel par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite".

Les dernières
actualités