Résistance

Le livre est un support ancien et fondateur de nos sociétés occidentales. Pour cette raison il occupe une place particulière en tant que témoin d'une histoire de l'émancipation des individus. L'actualité récente et les réactions qu'elle suscite nous le montre fortement.
L'autodafé organisé par Daech en Irak nous révulse profondément. Cet acte nous renvoie par l'étymologie même à nos démons lointains puisque « autodafé » vient d'un terme portugais (« acte de foi ») issu de l'Inquisition et de ses pratiques aussi obscures que brutales. Ce retour du passé nous est difficilement acceptable à l'heure où la religion est désormais devenue une foi personnelle et où la religion catholique a modifié sa doctrine pour la fondre dans le cadre des valeurs démocratiques occidentales.

Charlie Hebdo a incarné cette liberté et nos contemporains ont symboliquement tenu à lui marquer leur attachement en achetant en masse le numéro des survivants… comme un acte de foi dans les valeurs de la liberté. Les bibliothèques n’ont pas été en reste qui ont mis en avant les productions éditoriales des dessinateurs et auteurs victimes de l’attentat du 7 janvier (comme par exemple ici à Troyes ou là à Lunéville). De façon plus forte, la médiathèque Pierresvives de Montpellier a organisé une journée de censure en imposant à ses usagers l’expérience d’une bibliothèque privée d’une grande partie de ses documents et de ses ordinateurs. Façon de montrer le visage du monde sans liberté.

Pour autant, ce combat n’est jamais gagné. Si les nouveaux maires élus du Front National n’ont pas systématiquement cherché à peser sur les acquisitions, c’est sans doute par souci de ne pas compromettre la stratégie du parti de se banaliser. Malgré cela, l’édile de Fréjus n’a pas résisté à la tentation puisqu’il a supprimé les abonnements de la bibliothèque à Libération et (bientôt) au Figaro. Les lieux et le monde du livre sont aux premières loges quand les libertés sont menacées. Et c’est exactement dans cette filiation que s’inscrit l’initiative de Bibliothèque Sans Frontières avec les ideas boxes. Par-delà les conditions difficiles que rencontrent les populations déplacées ou réfugiées, il s’agit de leur donner la possibilité d’accéder « à l’information, la culture et l’éducation ». La liberté fait partie des besoins élémentaires à accorder aux individus où qu’ils soient. Elle s’incarne particulièrement dans le livre comme support pour se construire et s’inventer.

Vivre libre, vivre livre !

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