Droits sociaux

Une mobilisation « historique » des traducteurs et traductrices le 30 septembre

Logo du Collectif de traducteurs et traductrices En chair et en os qui participe à la mobilisation du 30 septembre 2025. - Photo © MARION MANEA

Une mobilisation « historique » des traducteurs et traductrices le 30 septembre

À l'initiative de plusieurs organisations de traductrices et traducteurs, la profession est appelée à se mobiliser partout en France le 30 septembre 2025. Les associations dénoncent la précarité de leurs métiers, refusent le recours à l'intelligence artificielle, et revendiquent « les mêmes droits que tous les travailleurs ».

 

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Par Souen Léger
Créé le 29.09.2025 à 16h47

C'est une mobilisation inédite des traducteurs et des traductrices, selon les associations interrogées. Mardi 30 septembre 2025, jour de la Saint-Jérôme, en clin d'œil au saint patron des traducteurs, la profession organise une mobilisation nationale portée par l'Association des traducteurs littéraires de France (ATLF), l'Association des traducteurs et adaptateurs de l'audiovisuel (ATAA) et le collectif En chair et en os qui défend une traduction humaine face à l'essor de l'intelligence artificielle dans ce domaine.

« Pour en finir avec la précarité des métiers de la traduction, pour améliorer nos conditions de travail et d'existence, pour refuser l’IA et le monde qu’elle nous impose, une action est nécessaire », proclame un communiqué conjoint. « La culture de la revendication reste encore très marginale dans notre métier », souligne à cet égard Samuel Sfez, traducteur et président de l'ATLF, auprès de Livres Hebdo. Nous avons besoin d'une mobilisation de la base qu'il reste à créer. »

Une forme de grève

Outre un événement parisien qui se tiendra aux Plateaux Sauvages (Paris, XXe) de 14h30 à 17h30 et sera retransmis en direct, les associations organisatrices appellent à des rassemblements et temps d'échange partout en France. « Cela incarne quelque chose d'historique car c'est une forme d'appel à la grève alors même que, ne dépendant pas du droit du travail mais du droit d'auteur, nous n'avons pas le droit de grève », explique quant à elle Margot Nguyen-Béraud, traductrice et présidente de l'Association pour la promotion de la traduction littéraire (Atlas), revendiquant pour ses pairs « les mêmes droits que tous les autres travailleurs ».

Assurance chômage, congés payés, jours fériés, médecine du travail, tarif plancher, temps de travail maximum hebdomadaire… Autant d'éléments qui font défaut aux traducteurs et traductrices qui sont 71 %, selon la dernière enquête de l'ATLF, à s'estimer en situation de précarité. « Les conditions socio-économiques des traducteurs et des traductrices se dégradent, les droits nous manquent, beaucoup d'entre nous continuent à être sous-payées et sous-payés, et aucun d'entre nous ne bénéficie de protection sociale complète », détaille le communiqué des associations organisatrices.

Continuité de revenus

Depuis trois ans, la mobilisation semble redoubler d'ampleur pour défendre les droits sociaux de la profession, et notamment lui assurer une protection en cas de revenus discontinus ou trop faibles.

En 2022 puis en 2024, Pierre Dharréville, député (PCF) des Bouches-du-Rhône déposait à l’Assemblée nationale une proposition de loi « visant à l'instauration d'un revenu de remplacement pour les artistes-auteurs temporairement privés de ressources », formulée par un groupe de travail constitué de parlementaires et de collectifs et syndicats d’artistes auteurs (la Buse, STAA-CNT-SO, le SNAPcgt, la Ligue des auteurs professionnels…). Non discutée jusqu'à la dissolution de juillet 2024, cette proposition est réapparue ce printemps du côté du Sénat. L'élue écologiste de Gironde Monique de Marco a en effet déposé en octobre 2024 un texte « visant à garantir la continuité des revenus des artistes auteurs », soit une sorte d'alternative à l'intermittence.

Une initiative que les associations suivent de près. Avec la mobilisation du 30 septembre, celles-ci espèrent que tous les maillons de la chaîne du livre et de la traduction « prennent conscience de la valeur de cette activité humaine ».

À l'automne, d'autres rendez-vous permettront aux traductrices et traducteurs de se retrouver. D'abord au festival Vo-Vf, traduire le monde dont la 13e édition se tiendra à Gif-sur-Yvette (Essonne) du 3 au 5 octobre, puis à Arles (Bouches-du-Rhône) pour les 42e Assises de la traduction littéraires qui auront lieu du 7 au 9 novembre autour du thème « Traduire sous contraintes ».

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