Édition

Un hiver pour changer d’image : le nouveau visage d’Olivier Norek

La version poche des "Guerriers de l'hiver" a eu un premier tirage à 300 000 exemplaires, et s'est déjà vendu à 87 000 copies. - Photo Olivier Dion

Un hiver pour changer d’image : le nouveau visage d’Olivier Norek

Paru en poche en août chez Pocket, Les guerriers de l’hiver confirme son succès. Salué par la critique et couronné de prestigieux prix lors de sa sortie en grand format en 2024, le roman d’Olivier Norek connaît une deuxième vie tout aussi exceptionnelle en librairie, confirmant l’adhésion du lectorat pour ce maître du polar passé au roman historique.

Par Élodie Carreira
Créé le 02.10.2025 à 17h11

La sortie en poche marque bien souvent le début d’une nouvelle existence pour un roman. Celui d’Olivier Norek, Les guerriers de l’hiver (Michel Lafon), révélation de la rentrée littéraire 2024, consacre encore un peu plus la nouvelle dimension prise par l'écrivain depuis son passage au roman historique. Déclinée en petit format aux éditions Pocket en août dernier, cette épopée du Grand Nord, qui fait revivre un conflit longtemps oublié entre la jeune Finlande indépendante et l’Armée rouge s’est écoulée en quelques semaines à plus de 87 000 exemplaires.

Preuve s’il en fallait de la force romanesque de l’ancien policier qui n'a pas souhaité rester cantonné au polar. Mais aussi d’un récit qui résonne avec une actualité marquée par des affrontements que l’on croyait dévolus au passé, touchant finalement un lectorat sans frontières.

« Le roman d'Olivier Norek permet de mieux comprendre la géopolitique d'hier et d'aujourd'hui »

Car c’est « au cœur du plus mordant des hivers » qu’Olivier Norek a plongé son intrigue, convoquant « la guerre la plus meurtrière » de l’histoire de la Finlande, déclenchée par l’offensive de Staline en 1939. Un conflit de 105 jours duquel émerge la redoutable et légendaire « Mort Blanche » — surnom donné par les Russes au tireur d’élite Simo Häyhä, personnage par lequel le lecteur plonge au plus près de la laideur des combats.

« Le poche a pour vocation naturelle de faire perdurer le succès d’un grand format. Or, le roman d’Olivier Norek a ceci de particulier qu’il a une résonance fascinante pour le public avec l’actualité et permet de mieux comprendre la géopolitique d’hier et d’aujourd’hui », argue Perrine Brehon, directrice éditoriale des éditions Pocket.

 

Difficile, en effet, de ne pas lire, en filigrane, un écho à l’agression militaire de la Russie de Vladimir Poutine en Ukraine. Ou de ne pas voir, dans la résistance du Pays des Mille Lacs, alors jeune État indépendant finalement amputé de 10 % de son territoire à l'époque, une sorte de miroir à celle du peuple héritier de la révolution du Maïdan.

« Avec ce titre, Olivier Norek s'est ouvert à un autre public »

Ce retentissement moderne a permis à l’ouvrage de séduire bien au-delà du cercle de lecteurs habituels de l’auteur. « Les Guerriers de l’hiver est un roman historique, qui a quelque chose de très entraînant et immédiat dans l’écriture. Avec ce titre, Olivier Norek a non seulement été lu par ceux qui le suivent sur le polar, mais il s’est également ouvert à un autre public. En salon par exemple, beaucoup découvrent son fonds et achètent ses anciens titres. Chez nous, son fonds est d’ailleurs en nette progression depuis l’année dernière. Ce qui compte vraiment, c’est l’écrivain et pas le genre dans lequel on le range », explique Perrine Brehon.

Écoulée à plus de 350 000 exemplaires, la version grand format avait déjà conquis un public élargi, reçu l’enthousiasme unanime de la critique, et décroché deux distinctions majeures : le prix Jean Giono et le Renaudot des lycéens. Une performance qui se poursuit désormais côté poche. « C’était un énorme enjeu pour nous », confie la directrice éditoriale de Pocket, dévoilant un premier tirage à 300 000 exemplaires. « Sur les huit romans d’Olivier Norek que nous avons réédités, Les guerriers de l’hiver signe le démarrage le plus fort et le plus attendu », complète-t-elle.

Olivier Norek
Vendredi 26 septembre, Olivier Norek a échangé avec son public au théâtre de la Concorde, à Paris.- Photo EDITIONS POCKET

Encore la semaine dernière, une soirée de rencontre avec l’auteur au théâtre de la Concorde a fait salle comble, réunissant plus de 450 personnes. « C’est un engouement que l’on pourrait comparer à ce que nous avions déjà observé avec Pierre Lemaître, lui aussi longtemps estampillé polar avant de s’affranchir de ce carcan », souligne Perrine Brehon.

Un succès en Finlande

Mais le succès de l’auteur de Code 93, Surface et Impact dépasse désormais les frontières hexagonales. Déjà traduit en anglais, en tchèque et en espagnol pour ses précédents titres, Olivier Norek a, fait rare, reçu un accueil triomphal dans le pays même où se déroule l’action de son ouvrage, lors de son séjour à Helsinki le 5 septembre dernier. Au même moment, depuis Paris, l’ancien capitaine de police judiciaire recevait les éloges du président finlandais Alexander Stubb, qui saluait, au micro de France Inter, un « très bon roman sur l’histoire de mon pays ».

Olivier Norek en Finlande
Olivier Norek a reçu un accueil triomphal en Finlande, début septembre. Il a notamment été accueilli par la ministre des Affaires étrangères.- Photo PHOTO DE L'AUTEUR

Les frontières géographiques ne sont d'ailleurs pas les seules à s’effacer devant Olivier Norek. Promis à une adaptation sur grand écran, sa fresque romanesque sera, selon l’AFP, produite par Dimitri Rassam, à qui l’on doit le film Le Comte de Monte-Cristo.

Les dernières
actualités