Entretien

Trois questions à Charlotte Rousseau, directrice de la nouvelle collection « Memento » chez JC Lattès

La collection "Memento", chez JC Lattès, est dirigée par Zoé Grumberg, Martial Poirson et Charlotte Rousseau - Photo Olivier Dion

Trois questions à Charlotte Rousseau, directrice de la nouvelle collection « Memento » chez JC Lattès

Accompagnée par Martial Poirson, professeur d’histoire culturelle à l’université Paris 8, et Zoé Grumberg, spécialiste des mondes juifs pendant et après la Shoah, Charlotte Rousseau dirige la nouvelle collection « Memento » chez JC Lattès. Le premier titre Vichy était-il la France ? de Sébastien Ledoux paraîtra le 7 mai dans la perspective des 30 ans du discours du Vél d'Hiv de Jacques Chirac.

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Par Laurent Lemire
Créé le 14.03.2025 à 10h00 ,
Mis à jour le 14.03.2025 à 15h54

Livres Hebdo : Comment est née l’idée de « Memento » ?

Charlotte Rousseau : Par passion et par nécessité de faire connaître pour ne pas oublier. J’ai toujours été nourrie d’histoire. Par celle, d’abord très discrète, de mon grand-père résistant communiste durant l’Occupation, déporté et heureusement rescapé. Puis par celle, plus volubile, de mes professeurs à la Sorbonne avec leur volonté de transmettre durant mes quatre années d’études. Enfin, j’ai un fils de 14 ans auquel j’aimerais bien proposer des réponses à des questions pas toujours faciles. « Memento » est sorti de cette volonté de donner des clés avec un angle bien précis qui s’appuie sur les anniversaires et les commémorations, toujours sous la forme d’une question. C’est pourquoi nous avons placé notre démarche sous les auspices du grand historien et résistant Marc Bloch qui écrivait : « L’histoire est un combat contre l’oubli, et ce combat commence par la question. » Vichy était-il la France ? est notre premier titre à paraître le 7 mai. Sébastien Ledoux y aborde le sujet de la mémoire de la rafle du Vél d’Hiv à l’occasion des trente ans du discours de Jacques Chirac prononcé le 16 juillet 1995.

Quel est le cahier des charges de cette collection ?

Avec les conseils avisés des deux historiens qui m’accompagnent dans cette aventure éditoriale, Zoé Grumberg et Martial Poirson, nous privilégions l’exigence et l’accessibilité. L’exigence se traduit par le choix des auteurs et l’accessibilité par un récit rigoureux, clair et concis sur 112 pages avec un prix attractif de 9,90 euros. Au rythme de deux à trois nouveautés par an, ces ouvrages à la fois d’actualité et d’histoire dépassent les limites de la seule commémoration et sont destinés à devenir pérennes.

« Ce sont de véritables travaux d’historiens à destination du grand public, pas des livres éphémères »

C’est pour cela qu’ils sont tous complétés par une chronologie et une bibliographie. Ce sont de véritables travaux d’historiens à destination du grand public, pas des livres éphémères. À travers eux et à l’image d’une maison généraliste comme Lattès, nous voulons développer d’autres manières d’écrire l’histoire lorsqu’elle s’invite dans l’actualité. C’est aussi une façon de remettre au cœur du questionnement contemporain ceux qui savent de quoi ils parlent.

C’est aussi une prise de position dans un moment où l’histoire est malmenée ?

Oui, dans le sens où les auteurs de « Memento » seront tous des historiens. Mais ils ne rédigent pas pour faire valoir leur point de vue ou dans un but polémique, mais pour rappeler les faits, souvent inattendus d’ailleurs ou oubliés, à travers un angle déterminé. À l’automne nous évoquerons les 80 ans de la création de la Sécurité sociale, puis les 120 ans de la loi de séparation de l’Église et de l’État. C’est une autre façon de traiter de la solidarité et de la laïcité. En juillet 2026, nous évoquerons les 250 ans de l’Indépendance des États-Unis d’Amérique et nul doute qu’il y aura beaucoup à dire dans le contexte actuel.

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