Lancé un peu au doigt mouillé l'an dernier, le Mois de l'imaginaire s'installe dès cette année comme une opération importante de structuration et de promotion de ce secteur. La science-fiction et la fantasy restent mal aimées des médias, des libraires et des bibliothécaires. « Tout le monde est geek, paraît-il, mais où est l'imaginaire en librairie ? » interroge d'ailleurs, amer, le directeur général de Bragelonne, Stéphane Marsan. Déployé durant tout le mois d'octobre en librairie, le programme d'animations qui prélude au festival nantais Utopiales - cette année du 31 octobre au 5 novembre - doit lui permettre de relever la tête.
Cette fois, quarante éditeurs se sont associés. Le Mois de l'imaginaire bénéficie davantage pour l'instant, sur le plan commercial, aux maisons de poche qu'aux éditeurs de grands formats. Mais tous sont également séduits par ce qu'ils perçoivent comme l'acte de fondation d'un nouveau lobby de la science-fiction et de la fantasy, qui doit contribuer à les faire sortir de la marge comme ont réussi à le faire avant eux la bande dessinée ou le polar. Une association qui doit les rassembler est en cours de création. Le Centre national du livre a été sondé pour un éventuel soutien.
Dans un univers du livre qui reste fondamentalement un univers de PME, l'action collective demeure, au-delà du champ syndical, pour l'essentiel une idée neuve. En librairie, Canal BD apparaît toujours comme une exception par le niveau de ses ambitions, qui ne se réduisent pas au champ de la communication et de la promotion, mais s'étendent au marketing et au commercial. De leur côté, les éditeurs scolaires comme les éditeurs religieux ont bâti des organisations qui leur permettent de constituer des pôles d'influence face aux institutions - l'Education nationale d'un côté, l'Eglise de l'autre - auxquelles ils sont confrontés. Les éditeurs de vulgarisation scientifique multiplient eux aussi les coopérations. Force est de constater qu'elles sont fertiles.