Regarder par la fenêtre. Pour l'école buissonnière, pas besoin de buisson, on peut même rester en classe, l'évasion carbure à l'imagination. Le narrateur de Dieu sur terre de Thomas Fersen ne fait jamais rien comme tout le monde : « La cloche avait sonné et la maîtresse était partie [...]. Au lieu d'aller vers la sortie, un gars est monté sur sa table. [...] Il a balancé son cartable et il a chanté une chanson. » Pas un hymne, pas une rengaine, pas plus un tube, « mais une chanson sans foi ni loi, écrite par un virtuose dans le parler du Bellevillois, terminée en apothéose ». Et l'ado doux dingue de préciser : « Inventée pour dézobéir (sic) et avec une morale bidon, avec une morale pour de rire, pour rire de celle qui fout l'bourdon / Pour lui déboutonner son col à toute cette bonne éducation. » Sa vocation est toute trouvée : « Je vais de cette manière jouissive peindre la vue de mon balcon [...] » Pour éprouver son art, mieux vaut ne pas trop s'épuiser, c'est allongé qu'il va écrire, « au pieu ». De sa puberté problématique (« J'ai adoré Sabine de loin sans lui avouer que je l'aimais ») au service militaire, il brosse le portrait d'une famille de la classe moyenne, père employé de banque, mère infirmière, grand frère don Juan marxiste, grande sœur forte en thème asociale, il raconte des tribulations ordinaires (opération des amygdales ou santiags blanches qui font fuir les filles), mais transcendées par un regard cocasse et un phrasé chamarré. Ainsi défile la vie de l'alter ego de Fersen en chromos picaresques, fleurant bon l'univers poétique du chanteur.
Dieu sur Terre
L'Iconoclaste
Tirage: 7 500 ex.
Prix: 20 € ; 288 p.
ISBN: 9782378803483