En extase. Ce traité subtil, érudit et poétique, s'ouvre sur un souvenir personnel. À 15 ans, soit il y a des lustres, le jeune Thierry Grillet pratiquait le karaté dans un dojo. Un art martial fondé sur le mouvement répété à l'infini, lequel induit un geste, lequel déclenche un acte, qui peut aboutir à un combat. Bruce Lee, star planétaire dans les années 1970, a popularisé cette rigueur d'apprentissage. Grillet, lui, conserve encore la « mémoire motrice » des gestes accomplis, qu'il analyse et transpose à d'autres sports choisis : tennis, football, boxe, tir à l'arc, skateboard, plongeon, course et saut en hauteur (Fosbury).
À chacun d'entre eux, il consacre un chapitre varié : on y traite aussi bien des grands maîtres de la discipline que de son histoire, on philosophe, et notre auteur, par ailleurs essayiste et commissaire d'expositions, ne manque pas quelques comparaisons artistiques. Par exemple Matisse et ses arbres pour le côté répétitif du geste sportif ; Yves Klein et son photomontage de plongeon du 27 novembre 1960, soit deux ans avant sa mort ; ou encore Georg Baselitz et ses tableaux à l'envers, en 1969, à la suite du grand chambardement de Mai 68.
Cette année-là, aux JO de Mexico, le jeune Américain Dick Fosbury, un « hippie cool », faisait sensation avec le saut en hauteur qui porte son nom, « un saut de carpe folle », une « illumination musculaire ». Et le livre s'achève sur l'exploit de Lilian Thuram au Mondial de 1998. Une sorte d'extase.
Petit traité du geste. Pour la beauté du sport
Presses de la Cité
Tirage: 3 000 ex.
Prix: 21 € ; 224 p.
ISBN: 9782258207110