Le débat s’appuyait sur La condition socio-économique des traducteurs littéraires, une enquête réalisée avec l’aide d’Olivia Guillon auprès des adhérents de l’ATLF en décembre 2019.
Evolution dans le rapport à la profession
Aspiration à une communauté professionnelle, tendance à la multi activité… Le cadre du métier de traducteur évolue. Selon Paola Apelius, seul un tiers des traducteurs de littérature ne combinent pas leur profession à d’autres sources de revenus.
Les parcours ont également changé. Désormais, les traducteurs entrent dans le monde de la traduction par des stages ou par un Master dédié, ce qui leur permet d’être davantage renseignés sur leurs droits et la juridiction qui les entoure. "Avant, les traducteurs arrivaient dans le métier par des voies très variées. Aujourd’hui, ils ont des cours qui leur permettent d’être mieux informés sur les questions concrètes", explique Paola Apelius.
Précarisation du métier
Comme un fil rouge qui longe toute l’enquête, la précarisation du métier de traducteur est au cœur des problématiques de la profession. Un sentiment qui ne se restreint pas seulement à ces dernières années : "Déjà, dans les rapports des années 80, on mentionne cette difficulté, relate Olivia Guillon, il s’agit d’un problème de fond et non d’une crise passagère."
Depuis le passage au numérique, une autre difficulté s’impose aux traducteurs : celui du calibrage et du salaire qui en découle. Auparavant calculé à partir d’un feuillet dactylographié, le calibrage est aujourd’hui chiffré selon un logiciel informatique. "Avec le passage à l’informatique, les éditeurs ne comptent plus les blancs dans un feuillet ce qui représente une perte de 15 à 40 % pour les traducteurs", explicite Paola Apelius. Ce problème est un défi majeur pour l’ATLF qui se bat pour une revalorisation du prix du feuillet.
Cette précarité n'est pas que financière (décroissance générale des revenus, baisse de 15% du pouvoir d’achat…) mais aussi statutaire. Entre négociations impossibles de contrats et absence de nom sur la couverture de l’ouvrage traduit, il est encore difficile pour les traducteurs de faire reconnaître leurs droits. "Le rapport de force entre éditeurs et traducteurs est complètement déséquilibré", explique Paola Apelius.
Afin d’y remédier, l’ATLF a mis en place des formations basiques en droit et un service juridique qui accompagne les traducteurs dans leurs démarches.