"Bologne a réussi son pari en moins de deux ans après avoir repris la coordination. La foire est vivante, le programme des rencontres est thématisé et l’Illustrators Survival Corner fait salle comble" déclare Nicolas Roche, directeur du Bief, ajoutant : "Le Bief, la foire, l’Institut français, le consulat, nous avons tous pris conscience de l’importance de la manifestation". "Shanghai est devenu un rendez-vous obligé. C’est une foire facile à vivre. Y rencontrer nos interlocuteurs asiatiques permet d’alléger nos rendez-vous de Francfort" déclare Anne Vignol, responsable des droits d’Hachette Jeunesse.
Une croissance constante
La Chine reste le premier partenaire de la France en termes de cessions de droits. Même si certaines difficultés ont surgi, le marché chinois n’en finit pas de croître - + 17,2 % en 2018 et +26,5 % de l’ensemble du marché du livre chinois – et attire de plus en plus d’éditeurs généralistes.
"Nous avons vu des maisons qui ont un an ou deux d’existence et que nous ne connaissions pas" explique Hedwige Pasquet. "De plus en plus d’éditeurs chinois font de la jeunesse : 80% d’entre eux ont un catalogue pour les jeunes" confirme Xu Jiong, président de Shanghai Press & Publication Administration. Malgré la restriction des ISBN par le gouvernement, les éditeurs chinois recherchent toujours des albums pour la petite enfance – qui sera le thème de l’édition 2020 – et des BD, qui connaissent un boom en Chine. "Les éditeurs chinois ont voulu faire de l’argent rapidement et ont surproduit. La régulation des ISBN les oblige à être plus sélectif et définir plus clairement leur politique éditoriale", affirme Xu Jiong.
"La qualité des productions chinoises a augmenté. Notre objectif est de développer encore plus la foire à l’international et d’y amener les éditeurs européens pour qu’ils mesurent l’importance de cette foire couvrant un marché énorme" conclut Elena Pasoli, directrice de la foire du livre de jeunesse de Bologne. D’autant plus que les éditeurs chinois ont ouvertement boycotté les éditeurs et les auteurs américains à cause des déclarations de Donald Trump contre la Chine.
Le discours est politique. "Plus la foire sera internationale et attirera des professionnels étrangers, plus les éditeurs chinois viendront et s’en serviront comme vitrine de leur production. Avec l’aide de Bologne nous construisons notre place à l’international mais l’objectif de CCBF est aussi de promouvoir les albums chinois et de donner accès aux éditeurs étrangers à toutes les représentations de la culture chinoise" souligne Xu Jiong. Tandis que Zeng Yuan, directeur délégué de Shanghai Press & Publication Administration, ne cache pas son ambition de la développer en 3 ans "sur les 70000m2 du hall d’exposition et sur trois jours au lieu de cinq".