Manifestation

Salon Livres rares & Arts graphiques, un air de renouveau

Pierre Florac recevant le prix du jeune bibliophile 2024 - Photo Christophe Labarde

Salon Livres rares & Arts graphiques, un air de renouveau

Nouvel emplacement au Carreau du Temple, 110 exposants, libraires, bouquinistes, galeristes, éditeurs, artisans du livre, venus d’une douzaine de pays... et quelque 6 000 visiteurs sur trois jours. La 40e édition du Salon du Livre rare & des Arts graphiques est un succès, avec un public rajeuni.

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Par Jean-Claude Perrier
Créé le 24.06.2024 à 19h17

Faute d’être encore reconnue discipline olympique, la bibliophilie n’est plus l’apanage exclusif de quelques seniors CSP+, d’« aimables maniaques », comme disait André Gide à propos des entomologistes. Gide, dont, parmi d’autres trésors, un exemplaire dédicacé et relié du Voyage d’Urien (1893), réalisé avec le peintre Maurice Denis, était proposé par la librairie Le Feu Follet (12 000 euros).

Sans exagérer, on peut considérer que la bibliophilie se « démocratise », surtout grâce aux éditions originales modernes, plus faciles à insérer dans un contexte d’actualité : les J.O. par exemple, et le sport en général ; le centenaire du Surréalisme, magnifiquement célébré sur le stand de la Fondation des Treilles ; ou encore la commémoration des 80 ans de la mort pour la France de l’écrivain Antoine de Saint-Exupéry, le 31 juillet 1944.

Exemplaires rarissimes

Au Salon, pas moins de deux libraires proposaient un exemplaire, rarissime, de l’édition originale en français du Petit Prince, parue en avril 1943 chez Reynal & Hitchcock, à New York, où l’écrivain s’était exilé depuis fin 1940. Saint-Exupéry, reparti pour combattre le 6 avril, n’a pas eu le temps de voir les exemplaires. Mais ses éditeurs lui avaient fait signer par précaution des feuillets de papier, 150, qui furent ensuite insérés et collés dans les livres. Cette rareté se négocie entre 35 000 et 38 000 euros.

Mais on pouvait aussi trouver, sur le stand Découverte, des originales pour quelques dizaines ou centaines d’euros : des tirages numérotés de chez Gallimard, ou des Editions de Minuit, par exemple. En revanche, pour nos prix Nobel, J.-M. G. Le Clézio ou Annie Ernaux, ou pour l’inimitable Michel Houellebecq, il faut compter quelques milliers d’euros.

Ouverture à la jeunesse

Pierre Florac, lauréat du premier Prix du jeune Bibliophile (dotation : 1 000 euros à dépenser pendant un an chez tous les libraires du SLAM -Syndicat national de la librairie ancienne et moderne), devra rajouter au pot ! Il est vrai qu’il est plutôt spécialiste du romantisme.

Outre les amateurs, la manifestation se voulait festive et ouverte à tous les publics : huit visites guidées ont ainsi été organisées sur les trois jours, qui ont souvent débouché sur des achats ; et deux classes de collégiens et de lycéens ont été invitées à découvrir l’univers du livre sous un angle inattendu pour eux. À un moment où notre société manque cruellement de repères, montrer aux jeunes générations, aux futurs citoyens, le rôle du livre dans notre histoire littéraire, artistique, voire politique, fait sens et peut éviter quelques dérives. L’intolérance, on le sait, est le résultat de l’ignorance.

La prochaine édition du Salon Livres rares & Arts graphiques aura lieu, à nouveau au Carreau du Temple, les 13, 14 et 15 juin 2025.

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