Cette histoire commence très fort : lors des funérailles de Quintus Cornelius Lupus, un richissime patricien d'une antique lignée, mort empoisonné, on s'apprête à crucifier sur les bords de la Via Appia tous les esclaves de sa maisonnée, forcément coupables. C'est ce qu'estiment en tout cas Fortunata, la veuve, et Lucius, le fils légitime, un pervers débauché qui se révélera le chef d'une secte d'assassins. Mais pas sa sœur, Gaia, devenue vestale, pleine de compassion et éprise de justice. Ni surtout leur frère adoptif, Marcus Tiberius Alexander, aux origines obscures, mais que Quintus estimait et chérissait jusqu'à faire de lui, par testament, l'héritier de sa fortune. Lucius et sa mère, bien entendu, entendent faire valoir leurs droits, et une lutte à mort va s'engager entre les deux clans.

D'autant qu'au même moment d'autres sénateurs âgés et opulents décèdent de manière brutale, et suivant le même modus operandi : mordus par une vipère aspic. C'est Marcus qui va le découvrir, et élucider ces meurtres en série, avec l'aide de son ami Alcibiades, médecin grec affranchi, et l'appui de Sénèque et de Burrus, les deux plus proches conseillers de Néron, 17 ans à l'époque. On est en 54, le jeune empereur est encore gérable. Ça ne durera pas. Marcus, soldat du feu et aide de camp du Préfet des vigiles, le brave Lentulus, outrepassera ses fonctions, se transformant en détective free-lance, limier courageux et humaniste imprégné de stoïcisme, d'où son accès à Sénèque, alors précepteur de Néron.

Cette nouvelle série de romans policiers vient combler un manque. L'époque, tumultueuse à souhait, est bien choisie, le décor impeccable, et Nathalie Cohen, professeure de lettres classiques, n'hésite pas à bousculer un peu les conventions du genre. Magna cum laude, donc, pour ce premier volume des enquêtes de Marcus Alexander, qu'on espère nombreuses.