Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

Photo PHOTO OLIVIER DION

On l’avait un peu oublié, le futur, l’avenir du livre. Comme s’il s’était effacé avec le relatif échec du livre numérique homothétique en Europe continentale et sa régression dans le monde anglophone, le seul où il ait vraiment décollé jusqu’à représenter dans certains secteurs le tiers des ventes en exemplaires et le quart des ventes en valeur. Comme si l’on était fatigué d’y avoir tant pensé, d’avoir mobilisé, pendant une douzaine d’années, tant d’énergie pour ne pas louper le coche. Comme si l’on préférait se rassurer devant le retour - relatif si l’on en croit l’évolution somme toute modeste des marchés - du livre imprimé.

Pourtant les limites de l’ebook homothétique ne changent rien aux tendances lourdes qui, à défaut de condamner le livre papier, le propulsent dans un univers culturel multipolaire, produit des innovations et des bouleversements technologiques. Ses caractéristiques, ses qualités, ses atouts, sa créativité devront s’y conjuguer à d’autres, portés par les industries de l’image et du son, jeux vidéo en tête. L’oublier, c’est prendre le risque de la marginalisation progressive, du renoncement à séduire de nouvelles générations de lecteurs "digital natives".

Chez les géants des nouvelles technologies, et plus encore dans des start-up qui essaiment aux Etats-Unis comme en France, s’élaborent et se testent, loin de l’édition, des innovations qui pourraient bientôt rebattre une nouvelle fois les cartes de la création éditoriale. Aux confins de la table interactive et des écrans flexibles, des casques de réalité virtuelle, des jeux sur mobiles et des dispositifs holographiques émergent de nouvelles formes de création littéraires et graphiques. Certainement pas exclusives du livre papier, elles l’incitent à se justifier ou à se réinventer.

02.12 2016

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