Elle s'appelle Reine. C'en est une. Une reine folle, vibrionnante. Trente-deux ans et toutes ses dents qui rayent le parquet en bois clair du siège de L'Etat sauvage, la société de soins et cosmétiques par les algues qui est destinée à parachever son triomphe dans le monde des affaires.

Autour d'elle, il y a vaguement une famille, père égoïste, mère zinzin, le souvenir tragique d'une sœur adorée. Il y a aussi des hommes - certains ne font que passer -, qui l'occupent plus ou moins. Pierre, le mari, notoirement insuffisant, aussi vif que le canapé Chesterfield qui délimite dans l'appartement conjugal sa zone d'action. Etienne, le meilleur ami homo, qui soigne dans le sarcasme et l'ambition sa souffrance sociale. Enfin, il y a Marin, unique objet du désir de Reine, qui dans un monde mieux fait pourrait être l'amant, un océanographe, qui semble plus passionné par ses algues que par cette fille qui prétend en faire commerce.

Voici quelques semaines, Maria Pourchet avait livré avec Toutes les femmes sauf une (Pauvert) l'un des textes les plus forts de cette rentrée. Là revoilà déjà avec Les impatients, plus dans sa manière initiale, qui aurait croisé le sens de l'observation de la sociologue qu'elle fut d'abord et celui de l'humour chic et sarcastique qui fut un temps celui d'un Jean-Philippe Toussaint. Tout ici est bien vu, saisi, comme toujours la mort saisit le vif.