Sherlock nippon. Montrant, malgré une prothèse de bras et une de jambe, une aisance déconcertante dans ses mouvements et disparitions, l'assassin est une terreur. Son visage même est cauchemardesque : tête de squelette et bouche aux lèvres amputées. « L'Homme sans lèvres » est un monstre à la « vindicte coriace comme un vampire ». D'où le titre initial du roman, Le vampire, paru en 1931, que la maison Cambourakis retraduit et baptise La maison Hatayanagi. Il s'agit d'une enquête du détective Kogoro Akechi, qui entama sa carrière sous la plume de Ranpo Edogawa (1894-1965) en 1925 dans L'assassinat de la rue D. D'autres enquêtes étaient déjà disponibles chez Piquier, aux éditions Chapitre.com et, en numérique, aux Éditions du Rat Pendu. Cambourakis a pris le relais en octobre avec la publication de L'affaire Michiko.
Il y a du Sherlock Holmes et du Arsène Lupin dans ce personnage de Kogoro Akechi, détective en kimono dans le Japon des années 1930. Et du Edgar Allan Poe, troisième figure tutélaire de l'auteur Tarō Hirai, puisque son pseudonyme de Ranpo Edogawa est la transposition phonétique du nom de l'auteur américain. Cet opus nous emmène d'un (faux ?) noyé dans des sources d'eau chaude à un meurtre dans une chambre (pas jaune) fermée de l'intérieur, et s'achève par un incendie géant. « Une ribambelle de mystères plus insoutenables les uns que les autres », déclare le narrateur. Le texte, gentiment suranné, se feuillette aujourd'hui avec gourmandise pour invoquer la réapparition d'un Japon aussi disparu que fantasmé.
La maison Hatayanagi
Cambourakis
Traduit du japonais par Sophie Bescond
Tirage: 2 200 ex.
Prix: 13,50 € ; 280 p.
ISBN: 9782366249811