Arthur, fils de Jacques Higelin, n’a évidemment pas eu une enfance banale. Il a baigné dans l’univers paternel : toutes les musiques, des torrents de mots, et un imaginaire fantasque, qui doit beaucoup à dada, au surréalisme, à Lewis Carroll, au nonsense. Devenu grand, artiste à son tour sous le nom de "H", non point un pseudonyme pour se dissimuler mais juste une différence pour signifier "lui c’est lui et moi c’est moi ", à son tour donc il a laissé parler son imagination, ses fantasmes, et courir ses mains sur le piano. Sur le clavier de l’ordinateur aussi, ainsi qu’en témoigne Le cauchemar merveilleux, son premier recueil de "textes libres", "petits contes", poèmes en prose, comme on voudra.
Neuf ensembles, où l’on se plaît à découvrir tout ce qui peuple le monde d’Arthur H, un vaste maelström surréaliste qui ressemble parfois à un inventaire à la Prévert : érotisme, religions, super-héros, références culturelles (Michael Jackson, entre autres), heroic fantasy (avec les aventures d’Anatalius, son double, qui dit : "Quand j’étais dans le ventre de mon père, je savais déjà parler."), réminiscences, dénonciation des tares du monde moderne (intégrisme, racisme, terrorisme, misère, immigration clandestine…).
Arthur H ne se pose pas en penseur, ni en poète, il préfère l’humour et la pirouette. Cela n’empêche pas la profondeur de certains textes. "Samouraï délirium (9/11)", par exemple, invite, dans une odyssée délirante, "Des Juifs Volants/Des Bouddhistes de New York/Des Batmans, Des Cyborgs Homosexuels", et "tous les autres" à un voyage initiatique, spirituel, non vers le "Grand Tout", mais "dans le vide" !
A un moment, le "roi Arthur" prophétise : "un jour lointain viendra où […] je chanterai une chansond’énergie, de courage, de ravissement ". Ce jour est venu. J.-C. P.