Dans la Colombie des années 1960, Horacio est un homme proche de la mort, mais qui ne le sait pas encore. Le héros du deuxième roman traduit en français de Tomás González, après Au commencement était la mer (Carnets Nord, 2010), a une épouse, six filles, un fils, cinq belles-soeurs, deux vaches, un taureau et une Volkswagen noire avec à peine 2 000 kilomètres au compteur. Monsieur vit "du commerce en général mais préférait le commerce des antiquités". Antiquités qu'il achète souvent aux curés des villages ou déniche dans des dépôts de ferraille. Il est secondé par Pacho Luis, un type capable de projeter "un crachat entre ses dents à plus de cinq mètres de distance".
Horacio n'a pas toujours une existence des plus faciles. Jeronimo, son fils, est le genre de garnement à tripoter les fesses de la cuisinière ou à lancer des oranges pourries sur les passagers du bus, planté dans le virage ! Elève surprenant, il est toujours premier en début d'année, avant de cesser de travailler, de "passer son temps à roter en classe et à imiter le chant du coq ou le grognement des cochons". Horacio rêve parfois "qu'il était mort et qu'on était en train de le veiller, ou qu'on l'avait enterré vivant, ou qu'il avait perdu la vue" !
Sa femme Margarita prend beaucoup de temps pour s'appliquer sur le corps diverses crèmes hydratantes mais a rarement envie de faire l'amour avec lui. Et pour ne rien arranger, voilà encore que sa précieuse Volkswagen se retrouve dans le dépôt de la police...
Né en 1950 à Medellin, en Colombie, Tomás González a vécu une vingtaine d'années aux Etats-Unis avant de rentrer dans son pays. Déroutant et cocasse à la fois, L'histoire d'Horacio montre un écrivain capable de jouer habilement sur les contrastes. Son atypique et enlevé portrait de famille vaut le détour.