La lecture est en danger. En trois ans seulement, le nombre de lecteurs de livres a diminué de 5 points, passant de 74 % à 69 % de la population française, selon le nouveau sondage réalisé par Ipsos pour Livres Hebdo. Cette proportion était restée stable pendant de longues années. La passionnante enquête sur Les nouveaux lecteurs que nous présentons dans ce numéro à la veille du Salon du livre de Paris révèle un décrochage qui confirme les pires inquiétudes : parmi les diverses activités des Français, la lecture de livres recule inexorablement. Ces résultats se prolongent par un constat plus surprenant : la lecture numérique, qui en 2011 suscitait au moins une grande curiosité, a perdu son attrait. En trois ans, le nombre de lecteurs sur supports numériques n’a progressé que de 3 %. C’est bien peu au regard de l’augmentation de l’offre technologique et éditoriale. Passé la fascination pour la nouveauté, les ebooks n’apparaissent pas, pour l’instant et compte tenu de leurs prix encore élevés, comme la relève à la lecture de livres papier qui s’essouffle. D’autant que les lecteurs de livres numériques se recrutent avant tout parmi les grands lecteurs dont le nombre se raréfie. Qu’elle soit traditionnelle ou numérique, la lecture a désormais le même ennemi : le manque de temps. Trop de sollicitations tue le goût de lire, quel que soit le support de lecture.
A ce triste constat, notre étude apporte une consolation de taille : un lecteur sur deux lit tous les jours, même si le nombre moyen de livres lus chaque année par les Français a reculé, toujours en l’espace de trois ans, de 16 à 15. Et la lecture demeure toujours une activité valorisée et valorisante : elle est citée en deuxième position des loisirs préférés, derrière les sorties entre amis.
Reste que les lecteurs vieillissent et que l’école paraît incapable de former la relève.
Pourtant, les éditeurs français font tout leur possible pour former les lecteurs de demain. Et leur talent pour produire des ouvrages pour la jeunesse innovants et créatifs - loin des conservatismes dans lesquels quelques-uns voudraient les enfermer - est aujourd’hui reconnu partout dans le monde, comme ils peuvent le constater année après année à la Foire internationale de Bologne. Notre dossier présente cette production d’albums originaux et brosse le portrait de quelques-uns de ces jeunes illustrateurs qu’on nous envie. Rien n’est perdu.
