Trente ans, des milliers de kilomètres, des heures de décalage horaire, un mariage raté, les séparent. Une vie, en somme. Pourtant, David Hedges et Julie Fiske, qui ne se sont quasiment jamais revus depuis leur séparation, vont avoir besoin l'un de l'autre.
David, encore relativement jeune quinquagénaire, n'est déjà plus si fringant. Son petit ami l'a quitté quelques mois auparavant. Depuis, il se laisse agréablement aller, prend du poids et surtout il doit faire face à la perspective de vente de la maison qu'il loue depuis des années, une espèce de grange aménagée qu'il adore. Le marché immobilier étant ce qu'il est à San Francisco, il ne saurait imaginer retrouver un refuge comparable malgré sa bonne fortune professionnelle : il conseille les gosses de riches pour accéder à l'université de leur choix (ou plus précisément à celui de leurs parents).
Julie elle, est restée sur la côte Est, a refait sa vie avec un homme plein aux as, mais dont elle s'est rendu compte un peu tard qu'il n'en valait pas la peine . Il vient de toute façon de la laisser pour une fille ayant la moitié de son âge. Elle se défonce régulièrement, loue illégalement des chambres dans sa maison de bord de mer et se demande comment trouver l'argent pour racheter la part de son ex-mari. Il y a aussi Mandy, la fille qu'elle a eue avec lui, ado surdouée, et d'abord pour se retrouver coincée dans les plus scabreuses situations ; Mandy dont l'avenir universitaire va nécessiter qu'elle fasse appel à David. Lequel l'ignorait, mais n'attendait que ça.
On retrouve dans cette ronde des sentiments qu'est Retour à la case départ tout ce qui fait le sel des romans de Stephen McCauley. Son humour, allié à sa profonde humanité. L'interrogation angoissée ce qui « fait famille », ou au moins communauté, à l'heure où les repères identitaires s'éloignent de plus en plus de l'hétéro-normativité. L'amitié comme une version bien élevée de l'amour. Le passage des générations. La solitude aussi. Richard Russo, dont les livres sont proches de ceux de McCauley, ne s'y est pas trompé, saluant cette vraie réussite.
Retour à la case départ - Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Séverine Weiss
Robert Laffont
Tirage: 7 000 ex.
Prix: 22 euros ; 432 p.
ISBN: 978-2-221-21905-8