« Si je meurs demain, je ne perdrai pas grand chose », a dit à 87 ans Pietro Citati qui estimait ainsi pouvoir s'en aller paisiblement. L'écrivain, critique littéraire, essayiste et biographe renommé, est mort le 28 juillet à l'âge de 92 ans dans sa maison de Roccamare, petit village de Toscane, sa région natale. Pietro Citati, né à Florence le 20 février 1930 d'une famille aristocrate de Sicile, expliquait pourtant qu'il n'était pas toscan mais de sang ligurien, sicilien, parmesan (de la ville de Parme) et piémontais.
D'un père directeur de la Navigazione generale italiana, compagnie italienne historique de transport maritime, Pietro Citati a étudié à l'École normale supérieure de Pise de 1947 à 1951 après avoir passé son adolescence à Turin. Spécialiste de la biographie narrative, érudit très éclectique, ce qui a fait sa réputation, il a étudié les grandes œuvres greco-romaines, les auteurs de la Russie du 18e siècle, tout autant que des plumes majeures comme Goethe ou encore Kafka. Il expliquait durant une interview télévisée qu'il ne choisissait pas les auteurs à qui il allait consacrer une biographie mais qu'il était en quelque sorte « choisi » : « il y a un tremblement de terre en moi, à la fin de cette sensation naît ma décision », racontait-il. À plusieurs reprises primé, Pietro Citati a laissé derrière lui de nombreux ouvrages et relectures des auteurs classiques notamment. Voici cinq de ses livres à retenir :
- Kafka (Gallimard, 1989). Fasciné par Franz Kafka, attiré par le personnage, le biographe italien lui a consacré un ouvrage publié en 1989 chez Gallimard intitulé Kafka traduit de l'italien par Brigitte Pérol. Le livre s'articule autour des questionnements de Franz Kafka qui voulait trouver une réponse aux grandes interrogations qui avaient torturé les hommes depuis le jour où Adam avait été chassé du paradis terrestre.
- Tosltoï (Denoël, 1987). Sa biographie de Léon Tolstoï a reçu en 1984 le prestigieux prix littéraire italien Strega. L'œuvre est parue en France en 1987, traduit de l'italien par Jacques Barbéri, aux éditions Denoël puis en 1992 aux éditions Gallimard. Dans cette biographie, Pietro Citati aborde essentiellement la jeunesse et la vieillesse de l'auteur de Guerre et paix, pour qui il ressentait « de l'amour et de la haine », expliquait-il lors d'une entrevue télévisée.
- Histoire qui fut heureuse, puis douloureuse et funeste (Gallimard, 1991). Ouvrage de fiction biographique, prix Médicis en 1991, Histoire qui fut heureuse, puis douloureuse et funeste (Gallimard, 1991), traduit de l'italien par Brigitte Pérol, est un livre qui s'est inspiré de l'histoire de Clementina Sanvitale et Gaetano Citati, les arrière-grands-parents de Pietro Citati. C'est aussi l'histoire de leur amour romantique et passionné, celle de leur mort tragique, qui traverse toute une partie du 19e siècle.
- La colombe poignardée : Proust et La Recherche (Gallimard, 1997). Pietro Citati classait La Recherche de Marcel Proust parmi ses cinq livres fétiches et qu'il recommandait. Il a composé en 1995 un essai sur l'écrivain et sa suite romanesque, publié en 1997 en France sous le titre La colombe poignardée : Proust et La Recherche (Gallimard, 1997), traduit de l'italien par Brigitte Pérol.
- Elogio del pomodoro (Mandadori, 2011). Affilié à son pays et sa cuisine, Pietro Citati a également écrit un ouvrage Elogio del pomodoro (Mandadori, 2011) (Éloge de la tomate, non traduit en français). Un livre dans lequel il ressasse la nostalgie de la tomate qu'il a connue durant ses étés quand il était jeune, le fruit suprême de ses vacances, véritable madeleine de Proust pour l'écrivain.