Le rêve de Virgile. Virgile, 20 ans, se vit un peu en Moïse de son peuple, toutes proportions gardées : les Monescu, quarante Roms venus de Buzescu en Roumanie et qui n'ont pas trouvé en France l'eldorado rêvé. Ils vivent dans un campement entre Gennevilliers et Asnières. Le garçon, beau brun ténébreux, sportif et musclé, qui façonne « son corps comme une machine de guerre », s'est promis de ramener les siens chez eux et de les faire vivre dans un palais. Pour ce faire, tandis que les autres vivent d'expédients, il a mis au point un juteux business de revente de drogue. Avec l'argent qu'il amasse, il est en train d'acheter un autocar. Plus que quelques semaines, et c'est le grand départ. Il l'annonce au clan, prêt à le suivre. Mais, à la salle de gym où il pratique, dont le propriétaire est Nuri, un caïd local, vulgaire, violent, entouré d'une bande de nervis aussi stupides que cruels, Virgile fait la connaissance de Yasmine, la sœur du patron. Brillante, elle tente de se libérer de l'emprise familiale mais doit s'occuper des petits. Les deux tombent amoureux. Mais le « rebeu » voit d'un très mauvais œil le « manouche » courtiser sa sœur, qu'il frappe, séquestre, et oblige désormais à porter le hijab.

Entre les deux garçons, l'affrontement paraît inévitable. Virgile, auquel le lecteur s'attache, parviendra-t-il à triompher et à réaliser son rêve ? Yasmine se libérera-t-elle du joug ? Seul Philippe Lafitte le sait, qui, dans ce court roman incisif, très visuel, nous plonge dans les marges aveugles de notre société, pourtant toutes proches, juste de l'autre côté du périph.