Originaire du Norfolk où il vit toujours, Gary Dexter, né en 1962, est chroniqueur pour les plus grands quotidiens britanniques, le Times, le The Guardian ou le Sunday Telegraph. Il a un goût pour le bizarre, le farfelu, l'extravagant, que vient magnifier Le souilleur de femmes d'Oxford, paru en 2008 chez Old Street Publishing, un recueil de nouvelles qui constitue sa première oeuvre de fiction traduite en français. Auparavant, il avait publié Why not catch-21 ?, devenu de ce côté-ci du Channel Ce que cachent les titres (MiC_MaC, 2008).
Décidément, ce garçon est doué pour le mystère, la parodie, l'humour potache et l'autodérision, comme seuls savent les pratiquer les sujets d'une Albion qu'il a décidé d'explorer, à la manière des crime novels du XIXe siècle. Mais sans qu'une goutte d'hémoglobine ne soit versée, avec des victimes soit consentantes, soit dédommagées, et avec un mélange d'esprit scientifique, d'analyse psychologique, et d'empathie pour les passions humaines.
Gary Dexter a donc inventé un duo de détectives façon Holmes et Watson. Son héros est un scientifique, le Dr Henry St Liver, pionnier de la criminalistique, précurseur de Sigmund Freud et lecteur passionné des recherches sexologiques d'Havelock Ellis, ou de Magnus Hirschfeld. Quant à sa jeune acolyte et biographe, Olive Salter, déroutée au début par les excentricités de son "patron", elle finit par éprouver pour lui de l'admiration, voire plus.
Le souilleur de femmes d'Oxford rassemble huit des enquêtes qu'ils ont menées à la demande de Scotland Yard, et de son inspecteur Pelham Bias, tout juste moins benêt que le Lestrade de Conan Doyle. Pour pousser le jeu jusqu'à son comble, Dexter invente même à Henry St Liver un frère jumeau, Jack, mais celui-ci est un mauvais garçon repenti qui n'a rien à voir avec le guindé Mycroft Holmes. Fétichistes en tout genre, piétinés par les talons aiguilles de jeunes femmes, cachés derrière des toilettes dont ils peuvent contempler l'activité des occupants, invertis ou travestis en secret, illustre lord qui ne peut s'empêcher de s'exhiber dans n'importe quelle église, tous se confient à Henry et Olive, sollicitent leur compréhension, leur aide. Gratuite et sans tout le tralala de Baker Street. Vite, chère Olive, la suite !