15 octobre > Roman Etats-Unis

Il y a dans la postérité de John Gregory Dunne comme une tragique ironie du sort. Elle est due pour l’essentiel au fait que sa mort a donné naissance à l’un des plus beaux tombeaux qui soient, L’année de la pensée magique de sa femme, Joan Didion. C’est oublier un peu vite que Dunne fut un magnifique écrivain, journaliste et scénariste (notamment de l’extraordinaire Panique à Needle Park de Jerry Schatzberg). La réédition dans une nouvelle et impeccable traduction aux bons soins des éditions du Seuil de son chef-d’œuvre noir True confessions (et non plus Sanglantes confidences, titre de l’édition originale en français parue en 1980 aux Humanoïdes associés dans la mythique collection "Speed 17") est donc particulièrement bienvenue.

Soit deux frères, deux Américano-Irlandais, Tom et Desmond Spellacy. L’un est flic, l’autre est prêtre. L’un vieillit, l’autre va bientôt mourir. En ces années 1970 où, pour l’un et l’autre, "tout est consommé", il n’est plus temps que de solder les comptes de l’affaire qui fit basculer leur destin à tous deux : la découverte un jour de 1947, sur un terrain vague de Los Angeles, du corps coupé en deux d’une jeune femme nommée Lois Fazenda. Tom mena l’enquête et découvrit que Desmond, "Monsignore" aspirant aux plus hauts sacerdoces, avait croisé la victime.

Inspiré de l’affaire Elizabeth Short (Le Dahlia noir de James Ellroy), True confessions est à la fois un modèle d’équilibre et de polar classique, un drame shakespearien entre deux hommes exténués d’amour et de chagrin, en même temps qu’une ballade jazzy et noire dans un Los Angeles à jamais disparu. Un cauchemar magnifique et sans rédemption. Olivier Mony

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