Le journaliste vedette de France Inter, producteur de podcasts d'histoire cumulant plus de 30 millions d'écoutes, invite durant le festival Étonnants Voyageurs des spécialistes à parler de la République et de la résistance - lui-même signe d'ailleurs Les résistantes, le rôle des femmes face au nazisme entre 1940 et 1944, paru le 2 avril chez Albin Michel. Il a également écrit un roman, Le barman du Ritz, un best-seller (290 000 exemplaires vendus) qu'il a mis sept ans à écrire, et dont il parlera samedi 7 juin, lors du Café littéraire à 15 h 15 au Grand large.
Livres Hebdo : Qu'allez-vous proposer précisément pour votre première participation à Étonnants Voyageurs ?
Philippe Collin : Nous allons faire écho aux podcasts que nous fabriquons depuis quatre ans pour France Inter : un diptyque qui tourne autour de la République, avec six historiens. Deux rendez-vous pour éclairer la vie politique française du XXe siècle, dont nous sommes toujours les héritiers. L'idée est de faire vivre deux moments forts d'histoire savante pour tous, avec six grands historiens français qui viennent en chair et en os tenir une sorte d'université populaire. Des gens qui ont passé leur vie à travailler sur le sujet viennent en parler avec chaleur, générosité et sympathie. Le premier volet portera sur les ennemis de la République, et sera porté par Henry Rousso (spécialiste du régime de Vichy), Bénédicte Vergez-Chaignon (biographe du maréchal Pétain) et Renaud Meltz (biographe de Pierre Laval). Le lundi : les résistantes comme antidote aux ennemis de la république. Avec l'académicien Pascal Ory, Laurent Douzou (biographe de Lucie Aubrac) et Catherine Lacour-Astol, qui travaille sur « Le genre de la Résistance ».
Pourquoi parler des femmes résistantes en particulier ?
C'est une autre entrée pour raconter la Résistance française. On voit surgir des particularités féminines, mais les valeurs qu'elles défendent sont partagées avec les hommes. L'Histoire au féminin rejoint un combat commun.
En quoi consiste le rôle du « vulgarisateur », que vous exercez à la radio ?
C'est la personne qui joue l'intermédiaire entre un savoir universitaire poussé, et parfois un peu complexe, et un public moins habitué à ce type de lecture. Pour cela, il y a des techniques de narration... que je ne vais pas trop dévoiler (rire) ! On peut dire que j'essaie d'expliquer les choses simplement.
« Histoire et littérature sont complémentaires »
L'art du journaliste-historien comme de l'écrivain... ?
La différence entre l'histoire et la littérature, c'est que la première a pour ambition de dire le vrai, tandis que la seconde est dans le vraisemblable. Les deux sont complémentaires. La fiction peut s'aventurer là où l'historien n'a pas le droit d'aller : la psychologie, les sentiments. Entrer dans la chambre d'Hermann Göring...
Finalement, que permet l'étude de l'histoire ?
Je me souviens que dans les années 1990-2000, on citait souvent Winston Churchill, « un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ». Mais elle était prononcée à l'emporte-pièce. Aujourd'hui, cette citation résonne beaucoup plus avec notre quotidien. L'histoire permet d'éclairer le passé, de savoir d'où l'on vient, et donne des outils pour comprendre le présent, pour que l'on puisse se défendre quand on est menacés en tant que défenseurs de la République.