Certains l’appellent Nate ou Natty. Nathaniel Piven est le "produit d’une enfance postféministe des années 1980 et d’un cursus universitaire conventionnel dans les années 1990". Le héros du réjouissant premier roman d’Adelle Waldman a 30 ans et une carrière littéraire qui démarre enfin. Monsieur a écrit un livre, reçu une avance importante. La publication de la chose n’est pas prévue avant des mois, mais on en parle déjà à Brooklyn.
Issu d’un milieu modeste, Nathaniel a été un adolescent brun et maigrichon à la chevelure abondante. Il s’est rendu au bal de fin d’études avec Michelle Goldstein qui portait des vêtements vintage. Ensuite, il est sorti avec Kristen, étudiante en médecine au grand cœur. On l’a compris, voici un garçon considérablement intéressé par les filles. Quand on le rencontre, il habite un appartement qui ressemble à "un corps humain négligé". Pour l’heure, le plumitif est en retard pour aller dîner chez Elisa, une ancienne petite amie. Le mauvais moment pour croiser Juliet, une autre ex, qui le traite de "connard" après qu’il lui a dit qu’elle était magnifique mais qu’il devait y aller !
Chez Elisa, Nathaniel explique à l’assemblée qu’il envisage d’écrire un essai sur "la marchandisation de la conscience". Parmi les invités, il remarque surtout Hannah, "écrivaine mince aux seins rebondis", qui n’a pas l’air insensible à son charme et lui envoie un mail peu après. Avant qu’ils ne se retrouvent pour boire un verre en ville. Quand il est invité chez elle, Nathaniel constate qu’elle a beaucoup de livres de Graham Greene dans sa bibliothèque et apprécie le bourbon… Très enlevé, La vie amoureuse de Nathaniel P. est un régal. Native de Baltimore établie à Brooklyn, Adelle Waldman ne manque pas d’humour ni de finesse. Son portrait haut en couleur d’un trentenaire intello, lubrique et indécis vaut le détour. Al. F.