Édito par Christine Ferrand, rédactrice en chef

Mille numéros de Livres Hebdo ont été publiés depuis le 3 janvier 1992 où nous avons adopté cette numérotation, en rupture avec celle, annuelle, que nous utilisions depuis la création du titre, en septembre 1979.

Photo PHOTO OLIVIER DION

Un numéro 1000, joli chiffre rond, ça se fête. Nous avons donc décidé de lui donner un caractère exceptionnel, avec une couverture dans un beau papier qui se referme comme un écrin. Surtout, il est le prétexte à un retour sur les vingt-deux années écoulées.

Cinq grands auteurs aux registres très divers ont accepté l’exercice à travers des entretiens : Annie Ernaux, Jacques Tardi, Amélie Nothomb, Philippe Djian et Claude Ponti. Ces deux décennies ont représenté pour chacun d’entre eux une période particulièrement riche de leur carrière. Pour Annie Ernaux, qui avait reçu le prix Renaudot en 1984 pour La place, ce sont les années de la "visibilité", une façon aussi d’être plus assurée et une nouvelle manière de travailler - notamment sur la structure - grâce à l’ordinateur. Amélie Nothomb, dont la carrière de romancière à succès a démarré l’année du numéro 1 de Livres Hebdo - puisque son premier roman, Hygiène de l’assassin, est paru en 1992 -, écrit toujours, elle, sur des cahiers d’écolier. Cette période correspond aussi à l’essor, qui n’a cessé de se confirmer, d’Albin Michel, la maison d’édition à laquelle elle est toujours fidèle. Pour Philippe Djian, ces deux décennies ont été celles de l’ouverture. Le bad boy des lettres, qui suscitait "des lazzis" lorsqu’il disait qu’il voulait écrire "des romans qui soient comme des chansons de Lou Reed", se félicite d’avoir été rejoint par des écrivains comme "Houellebecq, Despentes, Jauffret" qui ont "desserré l’étau". Mais c’est peut-être Jacques Tardi et Claude Ponti qui incarnent le mieux les vingt dernières années. Le premier a accompagné l’explosion de la bande dessinée. Le second celui de la littérature pour la jeunesse, dont la créativité en fait aujourd’hui l’un des rares secteurs porteurs de l’édition française.

Nous revenons aussi dans ce numéro sur ces changements intervenus dans l’économie et la production du secteur du livre. Pour établir le constat d’une ouverture et d’une créativité toujours plus grandes, tandis que les vecteurs du marché se sont transformés, passant en vingt ans de la toute-puissance de la grande distribution à un partage presque schizophrénique entre la librairie de proximité et le commerce en ligne.

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